Dernier challenge de l'année bis

- « C'est comme au kuch' pour le chargement, c'est pas compliqué. Tu mets un calepin et de la semoule et voilà! Ici, tu as le matériel, le maillet est là, la semoule ici et les calepins sont dans cette petite boîte. »

Oui, dis comme cela, le chargement du Tryon, c'est tout simple. Après Vincent doit avoir déjà tiré huit kg de plomb avec, quant à moi c'est mon premier contact avec la bête.

Vincent désigne en même temps les emplacements dans la caisse en bois où tout est parfaitement en ordre. Au moins, cela donne envie. Mais j'ai à peine le temps de retenir les choses tellement il va vite. Je me concentre, puis je fais la récap' dès qu'il a fini de parler.

Bon, effectivement, si j'arrête de stresser, le chargement est identique à celui du Charles Moore. Le canon est juste plus long !


Tryon Target - Percussion - cal 45
Tryon Target - Percussion - cal 45

L'arme est magnifique (la photo est une illustration, ce n'est pas ce modèle, mais cela donne une idée). Il me tend l'arme, je la prends en main pour découvrir la visée. Ce qui me surprend, c'est le poids : 4 kg et tout dans le canon. On revoit la tenue de l'arme, on refait un point sur la prise de visée.

- « Oh, tu vas faire au moins 80 points ». Là, je me suis permis de négocier : 60 points me paraissent plus raisonnable ! Finalement, on tombe d'accord sur 70 même si je sens bien qu'il n'aime pas mon excès de prudence.

La série Vincennes (Vetterli) va débutée. On se rend sur le pas de tir. Au moins, le 50 m est couvert et chauffé. Par rapport au 25 m, c'est le grand luxe. Je suis inquiet pour la prise en main, la tenue. Je crains de ne pas réussir à stabiliser l'arme et du coup, de tirer n'importe où. Le steicher est une double détente, à l'arrière pour l'armement, à l'avant pour le départ. J'essaie de garder cela en mémoire. Mais ma vraie crainte est de ne pas réussir à terminer les 13 coups dans les temps.

J'installe le matériel, les balles, les dosettes de poudre (2g), les calepins, la semoule et l'entonnoir court, le starter, le  pousse balle. J'oublie de sortir le maillet, et puis ma paillasse ne ressemble à rien. Je décide de tout réorganiser. Bon, là, c'est pas mal sauf que j'ai tout mis pour la main d'un gaucher. Ce que je ne suis pas. Vincent est mort de rire ! Je reprends tout à zéro. Et finalement, j'opte aussi pour les amorces et je les sors de la caisse.

Vincent me donne ses derniers conseils, notamment les deux petits coups sur la balle avec le pousse balle pour bien avoir un son métallique indiquant que la balle est correctement assise sur la charge au fond du canon.

L'arme est verticale, posée devant moi, à mes pieds. La série se tire debout, le bras de la main faible calé sur la hanche, le fût posée sur la main. Je cherche la bonne position et surtout la bonne orientation du corps par rapport à la cible. Je m'entraîne à la prise de visée, au relâchement du souffle, une expiration totale pour un bon tassement du corps, les jambes bien ancrées dans le sol. Je refais les gestes plusieurs fois, en réel et puis mentalement.

Je revoie en silence et juste des yeux la procédure de chargement. Je n'ai pas besoin de faire les gestes, simplement de bien visualiser les objets, l'ordre d'utilisation, leurs emplacements. Mon regard est concentré sur la paillasse et du coup je me rends compte que je dois passer au choix pour un grand psychopathe ou pour une poule qui a trouvé un couteau. Je dois avoir le regard du gars qui se demande ce qu'il fait là.

La série débute. Le premier chargement est complètement désorganisé, je fais au moins deux fois trop de gestes. Du coup, mes craintes concernant la cadence de tir pour rester dans les 30 mn imparties refont leurs apparition.


Je n'arrive pas à trouver la visée. Le vernon, le guidon, la cible. L'arme bouge sans arrêt. Ce n'est pas un cône de visée que j'obtiens, c'est un entonnoir modèle géant. Sur les premiers tirs, je réussis à perdre ma cible de vue ! Je me calme, je me reprends.

6 en haut, puis 6 en haut, enfin quelques 7, mince un nouveau 6.

Vincent à droite et moi-même.

Je me reprends. J'optimise le chargement, tout est plus logique, fluide. Je prends mieux mon temps pour tirer. Un premier 9. Du 8, puis un nouveau 9. Il me reste la 13ème balle. Vincent vient de terminer sa série. Je le vois décaler sa lunette pour regarder ma cible. J'essaie de ne pas en tenir compte. Je lâche le coup.

- « Eh bien, il fallait commence par là !" me lance t'il. Ma visée était bonne, je sais que j'ai fais un bon tir. La position et la prise en main était ok. Et je suis vraiment content de ma dernière visée.

- « J'ai fais quoi ? »
- « Un 10, quasiment pleine mouche ! »
Eh bien ça y est, je souris !

Les résultats m'attribuent 75 points(1) et je suis 9ème sur 12 tireurs. Je suis satisfait du résultat.

Vincent, je te remercie vivement de m'avoir prêté ton arme, de m'avoir fais confiance et d'avoir prodigué tes conseils. 

Merci aux arquebusiers de Fleury les Aubrays et à Nataly pour les photos. 

(1) 1 x 10, 2 x 9, 1 x 8, 3 x 7, 3 x 6


Dernier challenge de l'année


J'ai fini d'installer le matériel. On est quatre tireurs pour 15 postes sur le 25 m. Vincent a raison, les tireurs passent tous à l'arme d'épaule. Ma lunette est en train de rendre l'âme, baissant la tête sans arrêt. Je n'arrive pas à la serrer. Ce n'est pas grave. Le Charles Moore est bien calé dans ma main. La poignée en forme de poire est au creux de ma paume. J'ai l'impression de retrouver mes sensations tout de suite. Les premiers tirs restent compliqués, cela fait près de trois mois que je n'ai pas tiré et cela se ressent sur la cible. La douleur au bras est très légère, mais je sais qu'elle va s'accentuer avec l'effort. 

Fleury les Aubrays -  Boutet, puis Le Mat. 29ème challenge amical. 29 ans, fichtre !

Je me suis décidé à y aller parce que Vincent m'a proposé de co voiturer. Bah, du coup, oui : c'est deux heures, deux heures et demi de route pour rallier la banlieue d'Orléans. Et puis, il me propose de me prêter une arme pour tirer en Véterli (arme d'épaule, percussion, 50 m). Ah, bah, re-oui ! Il a pleins d'arguments décidément.

Après, bien sûr, il y a 4 heures et demi de voiture en tête à tête et, ça, ça peut être tragique. Vincent n'est pas du genre très bavard. En tout cas, pas avec moi. Ça m'arrange : dans ma vie, j'ai déjà essayé d'être très bavard, mais je n'y arrive pas. 

On range les armes dans son Expert et dans le froid en départ du Mans à 07 heures zéro zéro. Ça blague pas. La voiture est nickel, parfaitement rangée, chaque chose à sa place. J'aime bien. Le bazar, ça me stress. Et de faire la route avec mon mentor, je n'ai pas besoin de stress supplémentaire.

Ce qui est bien, c'est que l'on peut être silencieux sans être mal à l'aise. Du coup, personne ne se sent obligé de meubler les silences et parfois, le silence, c'est bien. La conversation s'enroule autour des armes, des challenges, de l'expérience. Et puis, finalement autour de ce que chacun fait à l'extérieur du stand. Depuis le temps que l'on se côtoie sur le stand, il faut bien que l'on fasse connaissance. 

Mon premier tir est un 10. Franchement, je n'aime pas ça. Mais du coup, cela me rassure : mon Charles Moore n'est pas si mal entretenu que cela et je ne suis pas si rouillé. Je prends beaucoup de plaisir à retrouver les automatismes du chargement : poudre, semoule, calepin, balle, maillet, starter, pousse balle, deux petits coups sur la balle pour vérifier à l'oreille que la balle est bien calée sur la semoule. Comme me l'a appris Vincent.

Amorce sur la cheminée. Le bras bien tendu, le coude verrouillé. J’enchaîne les 9. Je finis par regretter de n'avoir pas plus de 10. Je fais deux 8. Ça m’apprendra à n'être pas humble. Je me reprends. Et je mets deux 10 en maîtrisant les bons gestes aux bons moments. Même si je sais que je n'aurai pas de podium, le résultat me convient : 91 points (1). Vu le contexte, tendinite, 6 mois d'entrainement. Ça me va. Je suis 5ème sur 17 tireurs.

J'enchaîne en Le Mat. C'est la catastrophe. Je suis incapable de stabiliser l'arme. Je sors du 6, du 7 du 8. L'arme pèse des tonnes.

C'est vers 18 heures 30, dans la voiture, alors que l'on traversait un énième village sans charme de la route d'Orléans, avec cette nuit tombante qui enveloppe tout, que j'ai compris pourquoi j'ai raté mon Le Mat. Ma prise en main était bonne, bien haute. Lorsque Vincent a évoqué ce point pour comprendre pourquoi mon score était si faible, je regardais la marque sur mon empan qu'avait laissé le chien à l'abattu. Je sais que ma prise en main était bonne.

C'est la position de mon corps qui était mauvaise. J'étais trop face à la cible. Pas assez de profil. Décidément, le silence a du bon. On peut réfléchir et revivre les 13 coups portés en cible. Je sais que mon défaut de points vient de là : pas assez de profil et pas assez en tension dynamique. Trop mou, quoi.

92 points pour le gagnant Le Mat du week-end. Bravo à lui. Mais c'est à ma portée, je l'ai déjà démontré. Et je reviendrai à ce score.

Vincent est au 50 m. Comme il me l'a dit, il a loué son emplacement pour la journée. Et quelle journée !

Je retourne à l'accueil. Pour moi, la matinée est terminée. Il est 11 heures et demi. Je regarde un tireur au 10 m. C'est un pas de tir particulier. Lorsque Vincent me l'a fait visiter, il a bien insisté sur les retour vidéo sur chaque poste de tir ! C'est impressionnant. Le stand a en fait servir de stand d'entrainement pour les JO. J'ai oublié l'année. C'est extrêmement carré, propre, sous contrôle. J'aime bien.

Le tireur fait de la vitesse. 5 tirs en 20 secondes, je crois. Stéphane m'a conseillé cette épreuve. Je sais bien que je dois passer par le 10 m. J'irai. Le gars fait 3 cibles sur 5. A chaque fois. Je me dis qu'il doit être difficile de se détacher du résultat précédent pour refaire les bons gestes aux bons moments suivants. Décidément, le tir, c'est riche. Je n'ai pas fini d'apprendre. Au moins, cette pensée me fait sourire.

Je ne sais pas trop quoi faire en attendant Vincent. Je n'arrive pas à me mêler aux autres. J'attends le repas. On verra bien.


(1) 3 x 10, 5 x 9,  2 x 8 ; 91 points.

Tendinite

La seule façon de lutter efficacement contre un tennis elbow est de le laisser tranquille.

Lorsqu'il en aura marre de m'empêcher de tirer, il partira de lui-même. C'est très zen comme attitude, cela m'étonne de ma part...

Tant que mon bras bras me fera souffrir et que les armes anciennes pèseront plus de 100 g, je resterai à la maison.

A bientôt donc !






C'est aussi ça, les armes anciennes

Je reviens d'un challenge interne à mon deuxième club. A coté des départementaux, des régionaux, des challenges locaux, les armes anciennes peuvent aussi s'exprimer avec une organisation plus légère et dans un esprit moins compétitif et plus participatif.

Par définition, seuls les tireurs inscrits au club peuvent y participer (1) ou au moins validés leur score pour le classement. Il s'agit de mon deuxième club. En fait, j'y ai débuté le tir il y a un peu plus de deux ans maintenant et j'ai migré vers mon club actuel pour plusieurs raisons : proximité (ça joue bien sûr) mais aussi la volonté de rencontrer des tireurs expérimentés en poudre noire.

Je suis resté cependant fidèle et je tiens même quelques permanences le mercredi, quand je peux le faire. J'ai toujours apprécié d'être sur le pas de tir ce jour-là, parce qu'il y a moins de monde en général, et donc des échanges plus détaillés avec les tireurs présents. 

Cela m'est même arrivé d'être seul au 25 m. Et le stand privé, c'est quand même confortable !

Donc, bien sûr, je suis présent comme l'an dernier pour ce challenge interne. Ce que j'aime bien c'est le pourquoi Dominique a mis en place ce challenge : proposer un temps au club où tous ceux qui possèdent des répliques d'armes anciennes, c'est-à-dire un grand nombre de tireurs, pensent simplement à les sortir de leur boite et retrouvent ainsi le plaisir de tirer avec. L'ambition n'est pas le score, ni même le classement, mais d'abord la volonté de mettre en avant une discipline de tir où beaucoup ont débuté mais délaisse au profit des armes modernes. 

Le règlement permet de tirer au 25 m dans deux catégories, kuchenreuter et Mariette. Mais comme tout le monde n'est pas familier des noms des catégories, c'est simplement répliques de pistolet et/ou réplique de revolver (2). Les cibles, numérotées et validées par le permanent, peuvent être rachetées (5 euros les 3) autant de fois que le tireur le souhaite. Et les jours de challenges sont au nombre de 6. Outre un moyen sympa de faire vivre le club, cela évite élégamment le stress de la cible unique du concours, et permet à chacun(e) de revenir au pas de tir pour tenter d'améliorer son score. Le tout en profitant au besoin de conseils avisés que pourront prodiguer Dominique ou Serge, par exemple. Finalement, cela désacralise et c'est bien là la volonté.

Enfin, le gagnant repartira avec un magnifique trophée qu'il ne gagnera que s'il est premier deux années de suite. Ça pimente le déroulée de la chose (3).

Le tout est duplicable dans tous les clubs qui n'ont pas encore leur challenge armes anciennes : il suffit que quelques uns se dévouent pour le comptage et qu'un tireur au moins puisse organiser. C'est un tremplin vers le challenge ouvert à tous, ce qui est la volonté de Dominique et aussi d'Etienne, l'actuel président.

Pour ma part, j'y retourne Samedi pour tenter d'améliorer mon 89 en pistolet, et faire mes deux ou trois cibles en revolver.

Un grand merci à Dominique qui est bien occupé dans son boulot en ce moment, mais qui reste fidèle au poste au club.


(1) Bravo Stéphane.
(2)  « Ah, ça existe les pistolets en poudre noire ? », entendu sur place. On ne se moque pas, cela veut juste dire que Dominique a mille fois raison et qu'il faut continuer à promouvoir les armes anciennes. On y travaille...
(3) L'an dernier, Dominique est premier en pistolet, et moi-même premier en revolver. C'était la première fois que j'étais premier en armes anciennes. A l'époque, je n'avais pas encore le Charles Moore pour concourir en pistolet. A suivre...




Concours : encore ?

Concourir, c'est consacrer du temps, de la préparation, de l'argent, de l'entraînement en-veux-tu-en-voilà, des déplacements le week end, une dose de frustration teintée d'admiration à la lecture des classements quand on n'est pas premier, mais 3ème, 4ème, 5ème, 22ème, et on est rarement premier, sauf certains tireurs, et là, admiration, respect ... Et, de retour dans la voiture, caparaçonné, s'abreuver de « Je m'en fous, j'y arriverai », et l'on y travaille et l'on y travaille encore...

Concourir, c'est constater ses erreurs sur le pas de tir, quand c'est trop tard pour y remédier, avec ce petit déchirement du « Si j'avais su ». C'est se condamner à faire des erreurs devant les autres, devant tous les autres, ceux qui tirent, ceux qui ne tirent pas, ceux qui regardent.

C'est surtout ramener du travail à la maison, pour analyser ses erreurs avec du recul, pour ne plus se faire prendre, et pouvoir appliquer les solutions trouvées tout seul comme un grand ou issues d'une recette communiquée par un tireur d'expérience. 

Concourir, c'est être contraint au pragmatisme, à la réalité, à la matière qui ne se laisse pas capturer, aux gestes qu'il faut dompter sous l'effort, à la mécanique toujours récalcitrante, mais qu'il faut apprivoiser, comprendre, respecter. C'est revenir au pas de tir, revenir quand même, même si on s'est planté, même si l'on a tiré n'importe où, dans le blanc, dans le bois, dans la table. Concourir, c'est devenir responsable de ses erreurs.

C'est savoir entendre les conseils avisés des tireurs d'expérience, c'est savoir créer un terrain favorable à l'échange avec les autres, c'est être capable de faire le tri parmi tous les conseils prodigués. C'est être conscient que les recettes miracles n'existent pas ou plutôt qu'elles ne sont miraculeuses que pour un tireur parmi tous. Que c'est à soi-même de créer son petit miracle en le rendant duplicable.

C'est aussi découvrir un monde de passionnés qui n'ont que la volonté de partager pourvu qu'avec un peu d'empathie l'on soit capable de se tourner vers eux pour comprendre leur monde. C'est découvrir « en vrai » des modèles d'armes connus grâce à un catalogue ou à un bouquin, c'est pouvoir approcher des armes inaccessibles pour soi, dans l'année ou dans la décennie à venir, et d'avoir le droit d'y toucher quand même en écoutant son propriétaire en parler. C'est voir des armes d'origine dont leurs répliques finiraient par faire oublier l'existence à force d'omniprésence sur tous les stands et chez tous les armuriers. C'est s'offrir le luxe de s'émerveiller.

Concourir, c'est 13 tirs par séries. En 30 minutes. Mais ça, c'est presque annexe...



Châteaudun : kuch' et Mariette

Non, Donald Malson, y'a pas à Châteaudun. On m'explique que le club n'a pas beaucoup de moyens (1) , du coup, les séries seront tirées sur une seule cible et pas deux. Ça faisait longtemps que je m'avais pas tirés mes séries en concours sur une cible. 

L'ambiance est particulière car il y a un concours TAR (2) en même temps et sur le même pas de tir, au 25 m. Les séries sont alternées entre armes de guerre et armes anciennes. Toute l'organisation repose sur 4 bénévoles, que tous les tireurs peuvent remercier. Sans eux, pas de concours, ni à Châteaudun, ni ailleurs d'ailleurs. Alors, oui, merci.

N'empêche, l'ambiance est bonne, il y a même plus de tireurs que d'armes anciennes, et celles ci sont prêtées de bon cœur ce qui permet au concours de vivre et au club d'avoir quelques inscriptions de plus.  

On commence :

Tout le monde est invité par l'arbitre à commencer par Kuchenreuter, sauf ceux qui commencent par Mariette visiblement, mais c'est pas grave, au final chacun s'y retrouvera. L'avantage est que l'on reste sur le même poste pour les deux séries qui seront enchaînées, au moins la lunette est réglée une bonne fois. Sinon, je signale discrètement juste avant le départ du tir que je n'ai toujours pas de cible correspondant à mon poste, mais c'est très vite arrangé.

Très content de moi, j'avais prévu un petit serre joint pour fixer la planchette de rangement à la table. Sauf que, avec les tables de Châteaudun, on ne peut pas. Ce n'est pas grave, en attendant que tout soit prêt, je regarde ma paillasse pour m'apercevoir que j'ai tout sous la main, juste comme il faut. Je me congratule vivement d'être aussi bien organisé...

Je suis le seul à flamber une balle avant la série (que j'ai bien sûr annoncé). Déjà que flambant deux amorces, mes voisins ont cru que j'avais un problème technique, je ne suis pas sûr du coup d'avoir été compris de tout le monde. Mais pour une fois que je suis totalement à l'aise avec le matériel ...

J'ai décalé le guidon du Charles Moore la veille et je dois m'appliquer au mieux sur ma première balle. Belle application en effet, je place un 10, pleine mouche. Je considère que l'arme est bien réglée mais j'aurais préféré avoir à progresser plutôt que d'être contraint à faire aussi bien. Je trouve plus facile de s'améliorer que de rester stable à très haut niveau. 


Les 10 impacts avec le doublé du 8 à midi, Kuchenreuter.
Je suis content, satisfait du résultat. C'est le deuxième mois d'entraînement avec cette arme. Je soupçonne un doublé que je ne signale pas mais qui sera compté comme tel. Tout va bien : 91 points, c'est pour l'instant mon record en concours et à l'entraînement avec le Charles Moore. Mais, je garde en tête que Claude a fait 95 points en concours et 97 en entraînement avec cette arme. Mon groupement fait 9 cm par 9 cm. Je tire toujours un poil haut, du coup, j'ai des 8 en goguette.

Mariette arrive : 

Changement de cibles pour tous, remplacement des calepins par la graisse, changement de boulets et d'arme. Je trouve ça très pratique d'enchaîner les séries.

Drôle de Mariette : beau groupement, petit score (82 points).

Les 10 impacts en Mariette. C'est fatigant les photos floues.

Puisque le groupement est bon, je pense que le problème vient de la position générale du corps. Ou peut être du Tennis elbow qui s'est réveillé. Je n'ai pas pu tendre mon bras comme je le voulais, pour ne pas subir la douleur et du coup, mon corps était trop face à la cible. Il aurait fallut peut être que je me place complètement face à la cible, mais je ne suis pas à l'aise dans cette position. Je considère que c'est une cible d'entraînement : le groupement est bon, tant pis pour sa localisation. J'ai quand même un H + L de 9 par 10 cm.

Miracle : 

Je n'ai pas eu d'incident de tir, ni de chargement avarié, ni de trucs qui tombent ou de machins qui se cassent. Ou, en fait, si, mais à chaque fois, j'ai eu la réponse appropriée au problème posé. Mon dieu, c'est l'expérience ! Hurrah ... Je suis sauvé.

J'ai hâte d'aller au prochain concours pour reprendre en main ce Mariette qui me joue des tours. Et je vais y travailler dès lundi, non mais ! 


(1) Club municipal : cause à effet ? Ou pas. En tout cas, 
les gars de Châteaudun ont les plus belles toilettes
de tous les clubs de tir que je connais. 
(2) Tir aux Armes Réglementaires : armes de guerre.


Pensées spéciales pour Stéphane.


--------------- MAJ ------------------

Je termine 3ème en Kuchenreuter sur 22 tireurs ; le premier et le second établissent le beau score de 92 points. Pour Mariette, je suis 7ème sur 23 tireurs, le premier finissant avec 88 points.


Charles Moore : tennis, quoi ?

Pensant avoir réglé le problème de décalage à gauche, me voilà confronté à un problème de position dans la cible. Le réglage d'une arme est décidément une science pas complètement exacte. Ce doit être une science humaine...

Ou alors, je suis confronté au problème de la position haute du groupement dans la cible, parce que j'ai réglé (ou presque) le problème de décalage à gauche. Ou du moins, je sais ce qu'il faut faire pour le régler complètement.

Le 6 et le 7 du haut de cible ainsi que le 7 du bas de cible sont respectivement les deux premiers et le dernier tirs. Je mets cela sur le compte du tennis elbow qui m'handicape pas mal. 

Cible du jour, 25m, conditions de concours.
A priori, je paie (un peu cher) les séances d'entrainement trop longues et trop rapprochées. L'arme (pistolet ou revolver) pèse 1,2 kg 1,3 kg qu'il faut porter à bout de bras tout en étant en tension et répéter le même geste dans la même position inlassablement.

Et le problème, c'est que je ne me suis pas ménagé à coté des entraînements (en fait, pas du tout). J'ai aussi aidé à porter du bois, des traverses de chemins de fer et des plaques de caoutchouc et j'ai arraché pas mal de clous*. 

C'est pour cela que je suis satisfait quand même du résultat du jour, du moins pour le groupement général, en dehors de ces trois erreurs. La hauteur du groupement est bonne (de mon point de vue), bien ramassée, sa largeur est cependant importante. Je crois qu'il faut que je décale le guidon encore un peu. Et que je mette beaucoup de crème sur le bras.

Sinon, les péripéties du tir du jour m'ont démontré que je dois absolument fixer la planchette de rangement du matériel à la table de tir. Déjà parce qu'il y a une petite encoche très pratique prévue à cet effet et qu'il est dommage de ne pas prêter attention à l'esprit créatif de son concepteur et surtout parce que cela m'évitera de voir voler les balles, les dosettes de poudre et l'entonnoir en plein milieu d'une phase délicate de chargement, tout ça parce que le maillet a sournoisement bousculé cette planchette au lieu de rejoindre la table tranquillement.

Planchette de rangement, indispensable.

Pour faire simple, je suis un peu inquiet puisque je concoure ce week-end en Kuchenreuter et en Mariette. Encore une fois, je devrais tester le nouveau réglage en début de concours. Comme m'a conseillé Vincent, il faut que je me concentre le plus possible sur ma première balle en cible, afin qu'elle soit une référence. Et de corriger en contre visée au besoin pour les 12 suivantes. 

Bon, finalement, je peux y aller détendu, puisque j'ai deux handicap pour ce concours. Allez, décalage de guidon et beaucoup de crème.



* réfection complète de la butte du 100 m au stand, en cours. 
Ah ben oui, on aime son club ou on l'aime pas...

Lâcher de Donald

J'ai décidé de m'entraîner au 50 m avec ma réplique de Remington. J'ai déjà fait quelques bons scores (en concours ou à l'entraînement) et je veux prendre en main cette distance.

La principale difficulté que les cibles d'hier m'ont confirmé concerne le lâcher. Je crois que c'est Bernard qui m'avait alerté le premier sur ce point. « Tout en douceur » a t'il dit. Auparavant, j'avais travaillé les surfaces de frottement des pièces internes en polissant toutes les zones d'appui des pièces entre elles ; j'avais aussi repris les surfaces latérales du chien et de la tête de queue de détente. Et la détente de mon arme est aujourd'hui suffisamment douce pour que les problèmes ne viennent pas du matériel.

Ce que j'ai apprécié hier, sur la troisième cible, ce sont les 3 x 10 et les 2 x 9. Je sais que je ne devrais pas m'attacher à ces points, mais si je le fais, c'est parce que lorsque je les ai tiré, j'étais content de mon tir avant d'en vérifier le résultat. 

De temps en temps, je me demande ce que je fais sur le pas de tir, pourquoi je m'acharne à continuer, qu'est-ce que j'attends derrière cette petite table recouverte de tout ce matériel improbable ? Et pourquoi il y a un trou dans mon torchon de protection ?*

En fait, c'est Jean-Pierre qui m'a donné la réponse, il y a quasiment deux ans, au premier jour sur le stand : « Les points, c'est une chose, mais faut que ça reste un plaisir ! Ah ! C'est aussi important et peut être même plus. » On marchait dans l'herbe de retour des cibles et je me souviens bien de son air tout à fait sérieux, levant haut les sourcils, sous son chapeau, l'index pointé vers le ciel. A l'époque, j'avais trouvé cela un peu bateau, un peu « T'as raté ta cible, mon gars, mais c'est pas grave,  t'es jeune ».

Jean-Pierre a raison.

Malgré de lourdes hésitations, j'ai décidé il y a quelques temps de continuer à tirer, de manière suivie, boulimique, passionnée. A la seule condition de la présence de cette sensation : être content du tir, entre le départ du coup et la vérification du résultat. Ce petit instant, 13 fois par série. Si je le perds, si tout devient trop mécanique, trop automatisé, résultat ou pas, j'arrêterais. 

Nécessairement.

Je sais que ce moment arrivera, je ne sais pas quand, mais en attendant, le lâcher, je vais y travaillé...


* Ah, ça y est, je me souviens...


Régionaux : Mariette

Je rejoins le pas de tir. Je connais maintenant mes scores des deux séries précédentes (74 points en Malson et 90 points en Kuchenreuter). En kuch, ça va, je suis content.

Mais je n'irai pas au championnat de France, en Malson, là où j'avais quelques ambitions. A 1 point près. C'est bizarre, à 4 jours d'intervalle, comme les choses paraissent plus anodines, moins aigües. Le « bon, tant pis, j'irai pas au France cette année, juste 1 point qui manque ».

Claude m'a dit aujourd'hui qu'en fait il fallait le temps d'en faire son deuil. Lui aussi a déjà raté une qualification pour 1 point. C'est un peu ce que je ressens.

Et là dessus, je pourrais faire un post gentillet, du genre, « Oh, mais c'est un bon score ça, 74 points au Malson. Dis donc, c'est 50 m quand même, c'est drôlement loin, et puis tu ne tire que depuis 2 ans. C'est sûr, quel progrès ! Tu dois être content. »

Tu parles ! Samedi, j'oscillais entre la rage et le désespoir. En cartoon, je me serais arraché les cheveux et tirer la langue tout seul. Oh, merde, 1 point... mais c'est pas vrai !!! Je sais que je me suis parfaitement concentré 3 tirs sur 4. Et le quart restant, je me suis mis à penser au France et au score. Exactement ce qu'il ne fallait pas faire. Incapable d'oublier la cible pendant un quart du temps. Et au fait que je ne sortais pas de 9 mais des mornes 8 tout plats. Et pas de 10.

« Le bonheur est dans l'acceptation » disent les bouddhistes. Eh bien qu'on m'amène un bouddhiste pour je lui explique ce que j'en pense de son machin de phrase à la c...

Mais 4 jours sont passés.

Il y a 4 jours donc, je préparais mes affaires pour la dernière série : Mariette ; 25 m ; revolver. La série pour laquelle je consomme quasiment 90 plombs par semaine depuis pas loin de deux mois. Rien qu'en amorces, c'est un budget. J'ai encore dû batailler contre ma lunette, mais j'ai fini par gagner. Je suis au poste n° 1 à coté du mur, la place pas pratique. Ce n'est pas grave, je m'entraîne volontairement à ce type de place 1 fois sur 3. Le mur, je le connais, maintenant.

Le sifflet se fait enfin entendre et le tir peut commencer. Au premier barillet, j'ai deux 9 et deux 8 encourageants. L'arbitre m'a fait reculé légèrement car je mordais la ligne. Je me suis exécuté avec le sourire sans que cela m'atteigne.

J'ai chargé le deuxième barillet, placé les amorces. Mes affaires sont sur ce torchon jaune à fines lignes blanches sur lequel je distingue mal mes doses de semoule. En même temps que je jette un œil à la lunette, je tire mon chien en demi armé, comme je fais d'habitude.

Un bruit terrible avec de la fumée épaisse me saute au visage. Le temps de réaliser, quelques dixième de seconde sans doute. Il y a une odeur acre et une fumée que je ne connais pas. La poudre, ça va, je peux la replacer dans n'importe quel contexte. Mais cette fumée, je ne la connais pas : c'est mon torchon qui brûle. Je viens de tirer dans la table, à 50 cm de moi. Le bois de la table est perforé, le tissu commence maintenant à s'enflammer. Le matériel est sens dessus dessous. Alors que j'éteins le début d'incendie en tapant dessus avec un autre torchon, l'arbitre s'approche et me tend ma boite d'amorce qui a volé à 3 mètres à l'intérieur du stand.

Il vient de comprendre ce qui est arrivé. Je suis abasourdi. J'ai juste pris acte que l'impact a été fait en direction de la cible. Mais là je ne sais pas quoi faire. J'ai vu tout de suite que personne n'était blessé, ni moi en fait. Je me demande si on ne va pas m'exclure du concours, ce qui ne m'aurait pas choqué outre mesure. J'ai quand même mis une balle de 9,13 mm dans la table. Je pense que c'est à ce moment là que je me suis moi-même mis  hors concours.

Après quelques discussions avec les arbitres et vérification que cette 6ème balle n'était pas dans la cible, ils me disent de continuer.

Mais à quoi ? Continuer quoi ? Continuer le concours ? J'y arriverais pas. Je pense à plein de choses, à devoir assumer et passer par dessus. Mais là c'est trop. J'ai déjà mis des balles hors cible, genre à coté du cadre, à quelques cm, mais dans la table du pas de tir, jamais.

Et puis, j'ai eu peur. Physiquement.

Je me suis ressaisi, de quoi reprendre l'arme en main qui était chargée de toute façon. De quoi être affligé par cette faute, de quoi hausser les épaules devant la cible en me disant que c'était foutu. De quoi tirer pour mettre quelques 7. Il m'a fallut 6 nouvelles balles pour que je me reprennes complètement. A la 13 ème et dernière balle, la douzième pour la cible, j'ai placé mon seul 10 de la série.

Le résultat est une catastrophe : 79 points. A peine mieux qu'au 50 m en fait. Je me retrouve 22ème sur 36. Le premier fini à 94 points, le deuxième à 93, le troisième à 92.

92 points, c'est ce que j'ai fais au concours d'Ecommoy.

Je suis allé voir Vincent tirer au 50 m, aux prises avec une arquebuse. J’ai regardé les autres tireurs au 50 m et au 100 m, tous à l’arme d’épaule. A la fin de la série, j’ai expliqué la situation à Vincent.

- « Ta 6ème balle est dans la table, bon, il t’en restait 7 autres pour le concours.»

Je lui explique le début d’incendie, l’arbitre, la boite d’amorce, … Il se marre, et me dit qu’à coté de la pompe à vélo, il va falloir que je trouve un extincteur. Puis, il m’a raconté pas mal d’anecdotes sur des tirs qui ne sont pas arrivés en cible mais plutôt dans les pare balles ou dans d’autres tables.

Il a surtout insisté sur le fait que ce n’est pas grave et que je dois apprendre des incidents. La conclusion est qu’il en arrivera d’autres, que je ne les éviterais pas à 100%, que je dois apprendre à gérer la suite de la série. Mais quand même, de là a en avoir à chaque fois...

Bon, je peux retourner voir le bouddhiste pour écouter ses phrases à la c… Ou alors relire l'Ecclésiaste, je préfère autant. Je me suis toujours sentis bien suite à sa lecture.

Je vais finir par croire que j'ai besoin d'un rituel avant de participer à un concours.



Régionaux : Malson, Kuchenreuter

Les régionaux : tout est dans le titre ! Pour moi, y être présent représente quelque chose d'important. C'est d'ailleurs tellement vrai que j'ai attendu plus de 4 jours pour y dédier un message sur le blog.

Peut être parce que mes résultats sont très disparates. 

Le temps est clément, tout se passe bien à l'arrivée, un peu en retard pour être tout à fait au calme. Le contrôle des armes est finalement rapide, mais je n'en ai que deux à faire vérifier. Jérôme, lui, en a 4 ou 5. Il me laisse passe devant lui. Merci.

Je rejoins le pas de tir au 50 m pour débuter la série Donald Malson. Je ne suis pas très à l'aise, je ne connais personne, la grande majorité est venue pour les armes d'épaule au 50 ou 100 m. Il faudra que je m'y habitue,  le revolver à 50 m a finalement peu d'adeptes. Je m'en fiche : je prépare ma paillasse avec soin. Je mets des plombes à régler la lunette de vue sur la cible, je me suis même demandé si j'allais y arriver un jour. Mais enfin, voilà, tout est en place. 

Ah bah non ! Je n'arrive pas à ne pas voir la saleté de la table : débris d'amorce, semoule, peut être même sable, d'autres trucs pas identifiables ... Je fais bonne figure, je me tourne vers les autres tireurs, échanges de sourire, amabilité d'usage. Je n'y tiens plus. 

J'enlève tout le matériel pour nettoyer cette satanée table et poser un chiffon bien à plat pour remettre mon matériel dessus. Non , mais... (Les tables ne me seront pas reconnaissantes, au final.)

Le tir se déroule sans accroc, pas d'incident, pas de ratage grossier, pas d'amorces à la noix, pas de d'impacts bizarres, pas d'énormes surprises, non plus. Simplement, je dois faire face à un 10 qui n'est jamais venu et à des 9 qui n'ont pas d'ambition. Résultat : 1 x 9, 5 x 8, 1 x 7 et 3 x 6. Soit 74 points. Ce score me classe 5ème sur 14 tireurs. Au dessus, deux scores à 79 points, puis le second à 83 et le gagnant à 84 points. J'ai une belle marge de progression devant moi si je veux un podium. 

Le problème et l'affreuse déception à digérer, c'est qu'il me fallait 75 points pour être qualifié pour le championnat de France. C'est une bonne chose que je n'ai eu connaissance du résultat qu'en fin de matinée. Après le kuch.

D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi je n'ai pas enchaîné le Malson et le Mariette (c'est la même arme). C'est une bêtise que je ne recommencerais pas.

Le Charles Moore est maintenant correctement réglé et le concours s'est bien passé. Je ne fais pas d'éclat non plus, je suis classé 6ème sur 37 tireurs avec 90 points. C'est mon meilleur score, entraînements compris. Et puis le Charles Moore, je ne le possède que depuis les Départementaux, c'est-à-dire, depuis ... 1 mois. Je trouve ce score satisfaisant. Oui, c'est cela, satisfaisant. Du coup, ce samedi là , je pouvais envisager la troisième et dernière série (Mariette) sereinement. Etant donné qu'il s'agit de la distance (25 m) et l'arme que je maîtrise le mieux (voir photo du blog), je me plais à penser que j'ai toutes mes chances. 

Le repas démarre doucement, puis s'anime. Il y a Vincent et Jérôme, tout va bien. Au fil de la conversation, je glisse que j'attends un peu avant d'aller sur la catégorie Cominazzo, soit le pistolet à silex. 

           - Jérôme : « Mais pourquoi tu veux attendre ? »
           - Moi : « Pour bien prendre en main les autres armes et ... »
           - Lui :  « Ah oui, c'est les autres qui t'ont dit ça, mais c'est pas vrai qu'il faut attendre ! »
           - Moi : « L'idée est que j'en aurai au moins pour deux ans pour bien maîtriser le Remington et le Charles Moore. Et puis, au 50 m... »
           - Lui : « N'importe quoi ! Il faut pas écouter les autres. Moi, j'ai tout commencé en même temps. Le kuch, la mèche, ... On va tous mourir de toute façon ! Tu veux attendre quoi exactement ? »
           - Moi : « Mais arrêtes de dire qu'on va mourir, t'arrêtes pas de le répéter » quasiment offusqué.
           - Lui : « Et c'est pourtant vrai ! »

Là, je ne peux plus lutter. J'abandonne. De toute façon, on ne lutte pas contre Jérôme.Vincent est mort de rire. Il a déjà dû entendre tout ça. 

Cependant, Jérôme avance une théorie intéressante (qui devrait aussi amuser les instits). Et l'intérêt de son avis est qu'il fait partie des champions. 

De manière générale, le milieu de la poudre noire et sa littérature prétendent, postulent, affirment qu'il faut  maîtriser une arme avant d'en choisir une deuxième, etc... C'est quelque chose qui me va bien. Mais là, d'énigmatique, Jérôme devient didactique et déroule le fil de sa pensée en prenant l'exemple de la méthode syllabique pour l'apprentissage de la lecture (depuis longtemps rangée avec la poussière au fin fonds des archives), en assurant que le cerveau ne fonctionne pas ainsi. « l'humain, c'est pas ça ». Pour aller dans son sens, je me souvenu d'une étude portant sur la compréhension d'une phrase et démontrant que l'ordre des lettres dans les mots n'avaient pas d'importance. La seule chose importante est que la première et la dernière lettre du mot soient à leur place. 

Le rsete peut êrte dnas un dsérorde ttoal et vuos puoevz tujoruos lrie snas porlbème. C'est prace que le creaveu hmauin ne lit pas chuaqe ltetre elle-mmêe, mias le mot cmome un tuot.

Et aussitôt, d'appliquer cela à la maîtrise des armes. En fait, Jérôme a acheté toutes les armes de poing en même temps pour participer d'entrer de jeu à toutes les séries des concours : revolver, origine, réplique ; pistolet à mèche, à silex, à percussion. Plus un truc japonais.

Je suppose que comme d'habitude la vérité est entre ces deux extrêmes. Et tant mieux parce que je n'ai pas le budget pour toutes ces armes d'un coup !



Réglage finalement

J'ai pris mon courage à deux mains : j'ai déporté le guidon du Charles Moore. 

Non que je sois fainéant, mais par crainte de faire une bêtise. J'ai plus que repoussé. On peut dire que sur ce coup-là, j'ai mis tout le monde à contribution. 

Le déclencheur, c'est une phrase de Vincent que mes hésitations ont dû fatigué : « Dans le dix, tu peux mettre six impacts cote à cote ; cela te laisse une bonne marge de manœuvre, non ? » Ah, bah oui, effectivement...

Et je me suis rendu compte de deux choses. La première, c'est qu'il faut que j'arrête de psychoter dès qu'il s'agit de tir et d'armes. Franchement, quand je me suis lancé d'autres défis (perte de poids, course à pied, entreprises), je me suis montré moins timoré. (Et des fois même , un peu tête baissée). 

Si je déplace le guidon de 1 / 10ème de mm, alors je décale mon tir de 1 cm (ma ligne de mire est de 26 cm pour un tir à 25 m). Suis-je capable de contrôler mon tir à bras franc de 1 cm par 1 cm sur la cible ? Non. Donc, même si je me déporte trop le guidon, j'aurai une « bonne marge de manœuvre ».

D'où, étau, chiffon dans les mors, canon dans le chiffon, pied à coulisse et maillet. Déport de plus ou moins 5 / 10ème de mm. Voici le résultat en cible : 


 Avant réglage
 Après réglage.
Ce qui n'est pas évident, c'est que la deuxième série est meilleure que la première, réglage ou pas. D'autre part, il faut que j'arrive à me souvenir de laisser un peu de blanc sur la prise de visée comme sur la deuxième cible. Et cela, c'est un vrai changement d'habitude par rapport au Pietta.

Rasséréné, je suis retourné à l'étau, au chiffon et au maillet et après avoir fait un repère au pointeau sur le guidon, j'ai déporté ce guidon de 2 épaisseurs de trait : 2 / 10ème (?) Quel courage !

La deuxième chose dont je me suis rendu compte, c'est que je ne connais pas les cotes d'une cible C50. J'ai dû en utiliser plus d'une centaine et je ne sais toujours pas comment elle est bâtie. Bravo pour le sens du détail... Ce qui est marrant, c'est que lorsqu'on se penche sur le 10, il paraît très gros : 5 cm de diamètre ! Poser une balle dessus montre qu'il y a plein de place autour. Enfin, sur une table.

En fait, c'est tout simple : du centre vers le cordon, le rayon augmente de 25 mm, soit une zone de 10 de 5 cm de diamètre, une zone de 9 de 10 cm, une zone de 8 de 15 cm. Mais ce qu'il faut que je retienne, c'est 25 mm. 

25 mm pour faire la différence entre un 9 et un 10. Ou un 4 et un 5. C'est ça qui est important. Et je vais y travaillé...



Donald Malson : 80, pas 83

J'en suis à la 10ème cible en Donald Malson* (concours compris) et finalement, les choses vont assez vite.

J'ai respecté les conseils donnés par ceux qui se sont frottés à cette épreuve avant moi, à savoir ... de ne rien changer : ni la charge, ni la visée. J'ai été surpris parce que pour moi, doubler la distance de l'arme à la cible impliquait plus de puissance ou de jouer avec une courbe en cloche. Cet a priori s'explique par une méconnaissance totale de la balistique du Remington, même en réplique. Evidemment, en cherchant un peu, je retrouverais les équations qu'on m'a enseigné sur les paraboles et je pourrais retrouver les paramètres qui les font varier. Mais cela ne me donnerait rien sur la trajectoire d'une balle ronde de Remington, sauf à avoir les conditions initiales du tir (vitesse de sortie de la balle, notamment).

En fait, même si je sais que je peux les faire, ces calculs ne m’intéressent pas : je préfère me laisser guider par l'instinct, l'arme en main sur le pas de tir plutôt que crayon et calculette accoudé à une table. C'est debout que j'irai chercher les points.  

Donald Malson, 50 m, conditions de concours.


Ce qui me plait dans le fait de ne pas changer la visée ni la charge, c'est que l'entraînement au Malson vaut pour Mariette. Je trouve cela pratique. Et puis, rassurant, en fait. Ne rien changer. Ça, c'est détendant et en ce moment j'ai besoin de cela : flâner dans le confort des habitudes.

Évidemment, le score atteint est prometteur 80 points (et non 83 comme un excès d'enthousiasme l'a fait déclarer trop vite). Il y a quand même 5 x 9, nom d'un chien !

Pour la prise de visée, j'ai d'abord posé l'arme sur le haut de la cible, bien dans l'axe, puis je l'ai descendu jusqu'en bas du visuel tout en mettant une pression sur le bout de la queue de détente. Je me souviens bien de cela. En fait, la cible précédente montrait un balayage latéral du 2 au 2. C'est pour cela que j'ai procédé de cette façon pour arrêter d'arroser.

Ma hantise maintenant, parce qu'il faut bien que je m'en crée une nouvelle, serait que ce score ne soit qu'un coup et que je ne sois plus capable de l'atteindre ou de le dépasser. Exactement le même état d'esprit quand au bout d'un an d'entraînement au Mariette, j'avais enfin atteint le score de 83 : une certaine appréhension m'avait enveloppé à partir de ce moment pour enfin disparaître lorsque je réussis à reproduire le résultat puis à le dépasser. 

On  va dire que cela va se passer de la même façon, en tout cas, j'y travaille ...


* tir au revolver, debout, à bras franc, à 50 m.


Contre visée : on change !


J'ai la chance que mon Remington de chez Pietta tire dans l'axe : je n'ai pas eu de décalage latéral. J'ai juste dû régler la hauteur du guidon pour pouvoir prendre une visée 10 m soit en bas du visuel.

Par contre, le Charles Moore a un décalage latéral d'environ 8 cm à gauche. Bernard m'a montré, schéma à l'appui, la façon de prendre en considération ce décalage afin de pouvoir le corriger. Il s'agit de faire le rapport entre le décalage et la distance de tir (25 m) et de faire une règle de 3 avec la longueur de visée pour calculer le déport du guidon ou de la hausse. Dans mon cas, il faudrait déporter le guidon (ou la hausse) de :

pour une distance de 25.000 mm, j'ai un décalage en cible de 80 mm. Comme la longueur de la visée (distance entre les organes de visée) est de 265 mm, le déport du guidon (ou de la hausse) devrait être de 0,85 mm.

Il suffit maintenant de deux choses : d'abord confirmer la valeur du décalage, ensuite, se faire un beau schéma pour être sûr de déporter le guidon (ou la hausse) dans le bon sens.

Je préfère attendre quelques séances.





Charles Moore... ? Ah, le mien !

Revenant à l'entraînement, j'ai la chance d'être sur le pas de tir avec Vincent, Jérôme et Stéphane. Ce ne peut être qu'une séance profitable !

Je commence à maîtriser le chargement du pistolet. Vincent m'a procuré une tablette de rangement pour les dosettes de poudre, les balles et le matériel de chargement. Stéphane me prête son matériel de chargement et me remet les idées en place quand il y a besoin. J'utilise des balles de .440 avec un calepin de 0,25 comme Claude me l'a indiqué. L'achat d'une arme d'occasion ayant appartenu à un tireur d'expérience fait gagner un temps incroyable.

Maintenant, j'ai encore un certain mal à utiliser correctement le starter : la balle ne descend qu'au prix d'un effort important. Idem pour la baguette de chargement, je dois m'arc-bouter comme un forcené. La chance d'être entouré de tireurs d'expérience m'a permis d'être sûr que le problème vient bien de moi et non du matériel et cela sur deux points capitaux.

Charles Moore à percussion, réplique Pedersoli.

La chargement du point de vue du consommable : 

La balle de .440 calepinée avec du 0,25 fonctionne merveilleusement entre les mains de Jérôme. Sa gestuelle est fluide, propre, aucun mouvement en trop, aucune hésitation. Il m'explique qu'en match, la procédure de chargement permet de se reposer du tir précédant, celui-ci étant réalisé en apnée et finalement en tension. D'autre part, lui et Vincent me précisent que la gestion du temps doit intégrer la durée d'un incident de tir et sa résolution. Finalement, ce temps est compté, moins de deux minutes par tir pour conserver une marge de manœuvre : 30 mn pour 13 chargements plus 1 tir de flambage et quelques amorces à vide, le changement de cible, le positionnement général. 

Il faut que je m'entraîne aussi à cela.

Le chargement du point de vue de la cible :

Jérôme me demande l'autorisation de tirer avec le Charles Moore. Euh, comment dire ... accordé ! Et avec mes remerciements encore.

Un 7 à 11 heures. Je tire à mon tour. Je suis plutôt content, j'obtiens le même impact, un peu plus à gauche toutefois, comme à mon habitude. Il prend le relais, recharge et trouvant immédiatement la contre visée, il fait un 10. Il est très satisfait et il y a de quoi. C'est impressionnant. A mon tour, et selon ses indications, je fais un doublé sur son 10. Décidément, tout va bien !

      - Jérôme : « Allez, allez, faut arrêter de parler, recharge ! Tire, faut continuer ! t'arrêtes pas! »
      - Moi : « Oui, oui, t'as raison, j'y vais ! »

J'ai l'impression que Vincent patrouille derrière moi, que Jérôme observe tout ce que je fais et que Stéphane se marre en cachette. Bon, je charge, je tire, je me discipline. Et puis finalement, je rentre tranquillement dans ma bulle.

En fait, je suis rassuré. L'arme est excellente, le chargement est bon. C'est donc à moi de faire le boulot car pour le moment les résultats n'étaient pas au rendez-vous. J'ai retenu les conseils et les trucs de chacun. Pour le nettoyage et pour la préparation de l'arme avant le tir, c'est, du coup, beaucoup plus clair et plus simple. Finalement, pas de surprise magistrale, juste du bon sens et surtout de l'application dans les gestes. Donc, plus de pompe à vélo et cela m'arrange. 

Le fond de la source du cœur du problème :

Il faut que j'arrive à être moins timide dans mon approche avec le Charles Moore. Ce qui me bloque en fait c'est d'avoir la chance de posséder une arme haut gamme (c'est la première fois) et que je dois donc servir en conséquence et en étant sûr de moi. Ce n'est pas facile à décrire : c'est comme si je n'osais pas faire les choses parce que c'est un Pedersoli et parce qu'elle a un passé avec d'excellents résultats. Alors qu'avec le Pietta, je n'ai jamais ressenti cela*.

Finalement, je dois apprivoiser l'arme et véritablement me l'approprier. Je me surprends encore, lorsque j'en parle ou que j'y pense, à la désigner comme le Charles Moore de Claude. Comme quoi entre la propriété et l'appropriation, il y a un monde...


 * à tort, car à la vue de ses résultats, l'arme est excellente



Charles Moore, au bain

Franchement, pas question que je revive une expérience comme celle d'Ecommoy en concours. J'ai décidé de m’intéresser de près au fonctionnement du Charles Moore.

J'ai donc retrouvé sur le net l'éclaté du pistolet et même s'il me manque la légende et que je n'ai pas le nom de certaines pièces, je devrais pouvoir comprendre le pourquoi d'insister sur certaines actions pendant le nettoyage.


Eclaté du Charles Moore.

Le point de difficulté est évidemment d'avoir un canon borgne, avec une bouche mais pas de tonnerre comme sur le revolver. Je me suis lancé dans le démontage partiel du pistolet, à savoir : la cheminée, son support (pièce n°13) et la vis en bout de ce support ; une fois le canon démonté évidemment.


Démontage rapide.


Mon objectif est de connaître la longueur du canon en avant du logement de la cheminée, si toutefois, cet espace existe. Et de trouver un moyen efficace de nettoyer le canal du support de cheminée. C'est tout simple, un tournevis, une clé de 10 et le tour est joué. La clavette ne tient pas assez, il faut que je me renseigne pour résoudre ce problème. Je pensais qu'elle était en deux parties d'un coté, un peu comme sur un Colt, mais s'il y a bien une fente, elle fait uniquement office d'encoche.

Détail du support de cheminée.


Est-ce la pièce au centre de la photo qui a posé problème la dernière fois ? Son démontage est simple et si je craignais qu'il soit délicat de retrouver. Le souci est que je n'arrive pas à dévisser la vis en bout du cylindre à l'opposé du filetage. La tête s'abîme et je crains de la détériorer complètement. 

La petite brosse que m'a donnée Frédéric fonctionne très bien. La bonne nouvelle est le montage de la pièce n° 10 en bout du canon. La longueur du filetage dessiné sur le plan peut paraître exagérée si l'on ne comprend pas (comme moi) que le canon commence après le logement du cylindre porte cheminée (pièce n° 13). Du coup, le montage du canon est tout à fait solide et il n'existe pas d'espace à l'avant du cylindre dans le canon et c'est tant mieux.

Ainsi, je crois que c'est au niveau du conduit entre la pièce cylindrique porte cheminée et le fond du canon que peuvent se poser les problèmes d'excès d'huile ou d'humidité, enfin tout ce que n'aime pas la poudre noire. Je comprends mieux ce que je dois faire lors du prochain nettoyage et avant le prochain tir.

C'est beaucoup de soin et recherche, et j'y travaille...


Ecommoy : Mariette



92 points * : mon meilleur concours.



Bonnes sensations. Détendu. Calme. J'ai fais ce que j'avais à faire. Et je suis vraiment reparti du pas de tir avec le sentiment du devoir accompli. Et aussi, avec un petit regret pour un 8 qui traîne.

Content. Très content. Je suis content. 


Si je dois qualifier mon état d'esprit sur le coup, c'est la sérénité qui prévalait. Au delà de la recherche du point pour le tir du moment, au delà du résultat final à obtenir. Je me souviens d'un dialogue intérieur tout au long de la procédure du tir : la recherche de la netteté, le contrôle du mouvement du bras, la pression de la pulpe de l'index. Des commentaires sur l'action à faire, à corriger surtout, et sur la simultanéité de ces bonnes actions au moment du lâcher du coup. Après, le résultat fut un 10 ou un 9. Mais c'était moins important que les actions qui les avaient précédé.

Je suis satisfait que la position générale et la tenue en main n'aient pas été concerné par ces commentaires. Je suppose que de ce coté tout allait bien.

Ce qui est étonnant, c'est que je revois encore les tirs, la façon dont je les ai gérés. Je viens de comprendre en profondeur ce que Vincent cherche à m'enseigner depuis des mois.

Je crois que c'est de ces moments qu'il faut que j'arrive à me souvenir pour les prochaines fois.


* 3 x 10 ; 6 x 9 ; 1 x 8.

Mise à jour :


Je prends la 1ère place du concours et avec plusieurs tireurs d'expérience au classement. Et j'ai le droit à une bonne bouteille ! Merci à Ecommoy : je reviendrais l'année prochaine ! Merci aussi à Bernard qui m'a apporté le trophée directement au stand et à Vincent pour la feuille de résultat.


Ecommoy : Donald Malson

L'accueil des gens d'Ecommoy a été formidable. Conviviale. J'ai déjeuné avec les tireurs et l'équipe du stand. Très peu nombreux (6 personnes) dont Frédéric. Le repas a été excellent, et franchement même recherché : ce n'est que du tir et l'on a pourtant eu le droit à des verrines, des brochettes de pains d'épice au roquefort avec des raisins secs marinés au rhum, une excellente ratatouille avec un plat de viande en sauce.

Ah aussi, des rondelles de concombre rehaussées d'une crème de fromage. Je soupçonne même la présence d'une pointe de basilic.

Une salade de fruits frais, eh oui, des fruits frais, accompagnée de petites meringues et de petites mignardises au chocolat, toute simple à faire d'après Annie, le tout étant de bien rouler la pâte et de la laisser deux heures au frais avant de servir. Frédéric pourra en témoigner.

On a parlé, on a mangé, on a évoqué les souvenirs des Arquebusiers qui, à Chinon, qui, beaucoup plus loin : des soirées joyeuses d'après ce que j'ai compris ! D'ailleurs, je reprendrais bien un petit peu de vin.

Sinon, on a pu débattre de la meilleure façon de cuire le gigot d'agneau. Je ne savais pas qu'il existait une façon appelée la cuisson de 7 heures. Classiquement, je suis resté avec le souvenir de la viande servie plutôt saignante, avec donc un temps de cuisson court et une température un peu élevée. Mais non, cette spécialité consiste justement à en une cuisson à cœur avec une température basse et surtout sans pression : quasiment à la vapeur. Les saveurs sont pleinement conservées grâce à la cuisson sans couvercle.

Donald Malson - 14 h30 : 56 points.

Circulé.


Ecommoy, Kuch' : épique et flop !

Mon premier concours avec le Charles Moore. Comment dire ... quand ça veut pas, ça veut pas. Et des fois, ça veut pas du tout. 

Je sortais de Mariette et j'étais content. Bonnes sensations, bons résultats. J'installe le matériel de chargement prêté par Vincent pour le pistolet (merci), les dosettes de poudre et de semoule données par Stéphane (merci aussi), le Charles Moore. Le même Stéphane s'installe pour Kuch aussi. Lui, au moins, il a réussi à s'acheter son matériel dans les temps chez un armurier, sauf son maillet modèle géant (il a dû dépouiller un troll). 

Flambage d'amorce. Belle réussite. Flambage balle. Pfff ! Pas d'autre son que l'amorce qui claque. 10 secondes en face de la cible par sécurité. Re amorce. Re pfff ! Le coup ne part pas. La sale blague. 

J'ai déjà vu des tireurs avec des problèmes au stand : des balles casanières qui restent dans leurs chambres, des amorces soudées sur les cheminées, des mécanismes coincés par des débris d'amorces, des bassinets fermés comme une huître perlière, un barillet souffrant de tournis et qui refuse de tourner, un chien pacifiste qui ne veut plus s'armer, des cheminées voyageuses qui prennent la poudre d'escampette, un guidon migrateur, et même récemment un maillet géant qui perd son manche.

Mais cette fois, c'est à moi que cela arrive et qui plus est en concours. 

Jean Guy m'aide à déterminer le problème, poudre, pas poudre, nettoyage, huilage, trop d'huile. Les minutes,  les minutes qui s'écoulent : un tire-balle pris d'autorité dans les affaires de Stéphane qui suit d'un oeil distrait et son tir et ses affaires. Finalement, il vient nous aider : la vis du tire balle est bien prise dans le plomb (on est sûr qu'au moins il y a une balle), lui et moi on tire comme des baudets. Bon, on rigole bien, on s'éclate : lui le dos, moi les bras. La balle, elle, est toujours dans le canon. 

Jean Guy me dit de démonter la cheminée. (Il est comme ça Jean Guy). On place de la poudre directement dans le logement de celle-ci, je la revisse, je m'insère une amorce. Je me place pour tirer et je vois tout le monde qui s'écarte : solidaires mais pas fous. Pas très rassurant. Le coup part, quelque chose est partit : le calepin s'est certain. La balle, franchement, personne n'a vu d'impact. Stéphane retourne a son tir, après tout, on est quand même en concours. 

25 minutes après l'incident, je demande l'autorisation de débuter mon tir. Accordé. 

Première impact dans le 4. Au final, 4 impacts dans le blanc, des 7. Un résultat pauvre : 79 points. Test à la pression  : pas une grande réussite. 

A propos de pression, d'après les tireurs d'expérience d'Ecommoy, dont Jean Guy et Denis, il faut que je me procure une pompe à vélo. Je pensais avoir fait le tour du matériel, mais non. L'idée est de chasser sous pression (de la pompe) l'excès d'huile et l'huile du canon borgne. Le flambage de l'amorce, qu'il faut doubler d'ailleurs, ne suffit pas. Le canon doit être même nettoyer au chiffon, soufflé sous pression, le passage de la cheminée au canon doit être passé à la mini brosse (pour les interstices dentaires que Frédéric m'a donné, encore merci). Ensuite, on peut prétendre tirer dans la catégorie Kuchenreuter. 

Maintenant, je le sais.

Le seul truc qui m'inquiète, c'est le coté inflationniste du volume de matériel nécessaire au tir. 


Equipes régionales : Ah ! Déjà ?...


Je viens à peine d'acquérir le Charles Moore que j'apprenais que j'étais l'un des membres de l'équipe que le club présente aux régionaux. Bien sûr à entendre tout le monde, il n'y a aucune raison de me mettre la pression ... Je les crois tous volontiers, mais cela ne m'aide pas beaucoup. 

En fait, il faut que cela me responsabilise. Dans mon tir, dans ma façon d'aborder le concours, dans ma façon  de faire et d'être. Même si le score de l'équipe n'est que l'addition des scores individuels, sans autre épreuve supplémentaire, je dois quand même jouer pour l'équipe! Normalement, cela devrait tirer mon score personnel vers le haut.

Normalement. Sauf si... Mais, non !  Même étant donné que ... Non, non. Y'a pas de raison. Ou peut être bien que... Franchement, je ne vois pas pourquoi cela devrait me mettre la pression !

En étant tout à fait honnête, je dois avouer que je suis très fier d'en faire partie, de ces équipes Mariette et Kuchenreuter. Cela ne représente peut être grand chose pour nombre de tireurs, et peut être aussi qu'il faut bien un peu de monde pour faire ces équipes et qu'on est pas si nombreux, mais pour moi, c'est étonnamment important.

C'est que les autres tireurs doivent me faire confiance. C'est comme cela qu'il faut que je travaille la question.

Charles Moore, cet inconnu

Dimanche dernier, juste après les départementaux, Claude m'a cédé son Charles Moore. Après avoir consulté quelques tireurs d'expériences qui m'ont tous confirmé la bonne occasion, j'ai pris la décision de l'acheter. Claude s'en sépare car il participe à des nombreuses catégories et que les armes de poing sont moins attractives maintenant pour lui que les armes d'épaule. L'arme est magnifique, très bien entretenue, le tout à un prix très bon.

Charles Moore, réplique de Pedersoli.


Il mesure 44 cm, pèse 1.150 kg et c'est un calibre 45. 

La finition est noir mat, je ne sais pas comment cela s'appelle, le stecher est extrêmement sensible, je n'ose pas touché à son réglage. Le nouveau propriétaire en est très fier ! Il va falloir que je change la photo du blog. 

En plus de l'arme, Claude a ajouté 14 dosettes de poudre, un petit lot de balles coulées par ses soins et quelques calepins. De quoi débuter le tir, en fait. Ce que j'ai bien sûr fais mercredi dernier. Vincent m'a prêté le matériel de chargement, toujours dans cet incroyable esprit d'entraide : pousse balle, entonnoir long, baguette de chargement, maillet en bois.

Le chargement habituel de Claude est d'1 g de PNF2, un calepin de 0,25 et une balle de .440. Le tout avec une dose de semoule. J'ai oublié de lui demandé son meilleur score en kuchenreuter avec cette arme, tellement fébrile de l'acquérir. Je lui poserai la question, c'est quand même un bon point de repère (Mise à jour).

J'ai un peu cherché d'informations historiques sur ce modèle, mais je n'ai pas trouvé grand chose. Il va falloir une fois de plus que je me tourne vers les érudits.

Bien sûr, j'ai déjà tiré avec : pas vraiment probant niveau résultat, mais en analysant la première et la deuxième série, le groupement est encourageant. Pas la troisième série, Stéphane en conviendra lui qui met deux impacts en 1 seul tir*.

Le tir est très agréable, les sensations sont bonnes.

Bernard, dimanche m'a bien dit que maintenant que je pouvais tirer en Mariette, en Malson et en Kuchenreuter, que j'en avais au moins pour deux ans avant d'ajouter une nouvelle catégorie : rien qu'en voyant le volume de matériel augmenté, j'en suis bien conscient.

Et là j'ai énormément de boulot !

* C'est une grossière erreur de ma part où je me suis arrêté en plein milieu du chargement : poudre, semoule, calepin, balle. Sauf que je n'ai pas utilisé la baguette de chargement à la suite du pousse balle. Mais Stéphane serait il abonné au chiffre 2 ?

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Mise à jour : Claude m'a gentiment indiqué ses meilleurs scores. 95 points en concours et 97 points à l'entraînement. Des scores exceptionnels !



Une coupe !

En arrivant au stand pour participer aux Départementaux, Edmond* est venu vers moi en me tendant une coupe !

« C'est pour Mayenne ! T'as gagné ! »
« Non ? T'es sûr : j'ai fais 90 ! »
« Ah bah, oui ... »

Première coupe !


Excellente nouvelle : premier concours que je gagne. Je suis content, même si au final, je ne sais pas dans quelle catégorie j'ai remporté cette magnifique coupe : Malson (66 points) ou Mariette (90 points) ? Il faut quand même que je me renseigne.

Stéphane, Vincent, Jean Claude m'ont proposé de rejoindre les Arquebusiers. Je suis très content de cette demande. Mais, ce que je voulais, c'était remporter un concours avant de les rejoindre.

C'est chose faite !

J'ai juste une interrogation sur l'intégration de la coupe dans l'appartement, la décoration n'allant pas avec la coupe...

Peut être est-il possible de la laisser au club ? Il faut que je pose la question à Edmond, je sens qu'il va être content...

*Le président du club de tir.





Départementaux : série surprise

J'ai déjà souligné l'excellente ambiance qui règne en poudre noire : ambiance amicale et entraide. Mais je ne pensais pas que cela se vérifie autant !

En discutant avec les arbitres, Claude et Frédéric, les tireurs étant encore à ranger leurs matériels, je me suis ouverts à eux en me disant que j'aurai dû commencer par Malson puis Mariette. Les avis sont partagés en fait sur ce point et la conversation continua plutôt sur Mariette tout court. Ils m'ont bien sûr confirmés tous deux que Mariette est difficile à maîtriser et que l'idéal est de débuter en kuchenreuter. Mais que comme tous les débutants eux aussi ont fait la bêtise.

Claude est allé s'occuper de tireurs arrivants au stand et de fil en aiguille, la conversation a continué avec Frédéric que je découvrais à l'occasion. Il a fini par me dire qu'en tant qu'arbitre, il ne pouvait pas tirer toutes les séries qu'il aurait souhaité. Et sur ces mots, comme un éclair, il m'a annoncé :

« Je peux te prêter mon pistolet, comme ça tu pourras tirer en kuch' ». Assis, je serais tombé de ma chaise. Par chance, j'étais débout. 

« Les doses de poudre sont prêtes, j'ai tout le matériel. Comme ça, tu pourrais essayer le kuch'. » Je me suis défendu en disant que je n'avais jamais tiré avec ce genre d'arme et que débuter en concours ce serait assez incroyable. Il m'a répondu que ce n'était pas grave, qu'il allait me montrer le chargement et qu'il resterait derrière moi pendant le tir au cas où. 

Je n'en revenais pas. Son arme est un Charles Moore de marque Pedersoli, un haut de gamme, magnifique. 

Charles Moore, prêté par Frédéric.

J'ai fait un peu de résistance pour ne pas sauter sur une occasion lancée avec trop d'enthousiasme, au cas où. Mais ce ne fut pas le cas. Frédéric était sincèrement content de mettre permettre de découvrir cette catégorie.

J'ai accepté.

Comme convenu, il m'a montré l'arme, la détente (ultra sensible par rapport à ce que je connais), le chargement, la visée. « Comme au 10 m », m'a t'il dit. Je ne sais pas ce que cela signifie, je lui avoue. En fait, en bas du visuel, ce que je fais d'habitude, mais je ne connaissais pas l'expression. J'ai un peu manipulé l'arme, mais finalement pas tant que cela. J'ai récité avec lui les phases de chargement : le chien en position demi armé pour laisser l'air du canon s'échapper par la cheminée ; entonnoir, poudre, semoule, calepin huilé, balle ; maillet, pousse balle, baguette de chargement ; amorce ; puis, le chien à l'armé, le setcher vers l'avant. Enfin, le tir.

Je suis donc resté déjeuner avec les tireurs. Et, franchement j'ai bien fais. 

A 14 heures, j'ai pu me rendre au pas de tir pour la série kuchenreuter, avec une arme que je ne connaissais pas, un chargement que j'avais testé seulement une fois avec le Kentucky de Dominique et un concours à honorer.

Frédéric a tout installé le matériel. J'ai juste apporter mes amorces. La table est formidablement bien organisée, j'ai tout sous la main ! Quelle leçon ! Vincent me glisse qu'à la fin de chaque chargement, il faut que je donne deux petits coups sur la balle avec la baguette et que c'est important. Comme d'habitude avec Vincent, j'applique en étant content du conseil.

Il m'a fallu gérer la durée du concours. Je n'ai pas fait de faute de chargement, répétant silencieusement à chaque fois la procédure. J'ai juste oublié plusieurs fois d'ôter l'entonnoir du canon avant de poser le calepin. Au bout de 5 balles, Frédéric a relâché son attention à mon endroit, me montrant par là qu'il me faisant confiance. Et aussi sans doute qu'il était rassuré. 

J'ai principalement effectué les opérations de chargement de la main gauche, tenant l'arme de la main droite, verticalement. C'est comme quand je bricole, les outils ont tendance à passer à gauche.

Je n'ai pas de stress outre la crainte d'abîmer l'arme, le matériel ou de faire une erreur de chargement.

Le tir est incroyable avec cette arme : la visée est agréable, la détente légère, le départ du coup, doux. Je n'ai pas été dépaysé par rapport à la tenue en main. D'instinct, j'ai tenu l'arme très haut, comme le Remington.

La première cible a été plutôt encourageante. Tous les impacts sont dans le noir, de mémoire. La seconde cible l'a été particulièrement : je groupe quasiment dans le 9. C'est un vrai régale !

Je sors 89 points*. Je suis ravi et aussi étonné par le résultat. Je ne sais comment remercier Frédéric. 

De retour au stand, j'apprends que Claude met son Charles Moore en vente... Je n'en reviens pas. Il faut que je trouve Vincent.


* Je me classe 5ème sur 14 tireurs