Concours : encore ?

Concourir, c'est consacrer du temps, de la préparation, de l'argent, de l'entraînement en-veux-tu-en-voilà, des déplacements le week end, une dose de frustration teintée d'admiration à la lecture des classements quand on n'est pas premier, mais 3ème, 4ème, 5ème, 22ème, et on est rarement premier, sauf certains tireurs, et là, admiration, respect ... Et, de retour dans la voiture, caparaçonné, s'abreuver de « Je m'en fous, j'y arriverai », et l'on y travaille et l'on y travaille encore...

Concourir, c'est constater ses erreurs sur le pas de tir, quand c'est trop tard pour y remédier, avec ce petit déchirement du « Si j'avais su ». C'est se condamner à faire des erreurs devant les autres, devant tous les autres, ceux qui tirent, ceux qui ne tirent pas, ceux qui regardent.

C'est surtout ramener du travail à la maison, pour analyser ses erreurs avec du recul, pour ne plus se faire prendre, et pouvoir appliquer les solutions trouvées tout seul comme un grand ou issues d'une recette communiquée par un tireur d'expérience. 

Concourir, c'est être contraint au pragmatisme, à la réalité, à la matière qui ne se laisse pas capturer, aux gestes qu'il faut dompter sous l'effort, à la mécanique toujours récalcitrante, mais qu'il faut apprivoiser, comprendre, respecter. C'est revenir au pas de tir, revenir quand même, même si on s'est planté, même si l'on a tiré n'importe où, dans le blanc, dans le bois, dans la table. Concourir, c'est devenir responsable de ses erreurs.

C'est savoir entendre les conseils avisés des tireurs d'expérience, c'est savoir créer un terrain favorable à l'échange avec les autres, c'est être capable de faire le tri parmi tous les conseils prodigués. C'est être conscient que les recettes miracles n'existent pas ou plutôt qu'elles ne sont miraculeuses que pour un tireur parmi tous. Que c'est à soi-même de créer son petit miracle en le rendant duplicable.

C'est aussi découvrir un monde de passionnés qui n'ont que la volonté de partager pourvu qu'avec un peu d'empathie l'on soit capable de se tourner vers eux pour comprendre leur monde. C'est découvrir « en vrai » des modèles d'armes connus grâce à un catalogue ou à un bouquin, c'est pouvoir approcher des armes inaccessibles pour soi, dans l'année ou dans la décennie à venir, et d'avoir le droit d'y toucher quand même en écoutant son propriétaire en parler. C'est voir des armes d'origine dont leurs répliques finiraient par faire oublier l'existence à force d'omniprésence sur tous les stands et chez tous les armuriers. C'est s'offrir le luxe de s'émerveiller.

Concourir, c'est 13 tirs par séries. En 30 minutes. Mais ça, c'est presque annexe...



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire