Sur le pas de tir

La participation aux concours me contraint à organiser mon poste de travail. C'est plutôt une bonne chose, je trouve, car plus les éléments périphériques au tir lui-même sont standardisés et automatisés, mieux je m'en trouverai dégagé et mieux je pourrais me consacrer aux bons gestes du tir.

L'un des pivots de cette organisation est que les pieds ne doivent pas bouger pendant toute la durée du concours (1/2 heure maximum). L'autre pivot est que la table est plutôt petite, genre 60 x 40 cm.

Et pourtant, il faut placer la lunette sur trépied, les doses de poudre, la boite à graisse et l'ustensile pour l'étaler, la boite d'amorce, la boite de balles, les doses de semoule, une petite zone libre pour les débris d'amorce et bien sûr faire en sorte qu'il reste de la place pour l'arme et sa manipulation en faisant en sorte que le canon pointe toujours et uniquement vers la cible. 

J'ai fini par trouver un plan de table en m'inspirant de ce que les autres tireurs font et en l'adaptant à ma main.

Je n'ai pas encore fabriqué une planche avec des logements pour accueillir les éprouvettes de poudre et de semoule ainsi que les balles. Ce sera un gain de temps à l'installation et ce sera plus propre.

C'est étonnant le nombre de paramètres, de matériels, de procédures qu'il faut mettre en place, découvrir,  maitriser avant de prétendre rivaliser avec les tireurs d'expérience. 

Le plus surprenant est que plus j'apprends, plus je découvre ou de nouveaux détails, ou au contraire des pans entiers jusque là insoupçonnés. A mon avis, le prochain, ce sera l'optique.

Mais, je trouve cela incroyablement motivant et c'est pour cela que j'y travaille...



La graisse : le retour

Ma lunette n’a appris quelque chose de nouveau : après une série, elle s'est recouverte de filaments de graisse. La surprise a continué lorsque je me suis rendu compte que la bouche du canon était trop éloignée pour être responsable de ces affreuses salissures. 

En fait, c’est l’entre fer qui est au niveau des éclaboussures. Il faut que je confirme cela car je graisse les chambres du barillet avec une petite cuillère, ce qui en met aussi sur l'extérieur du barillet.

Du coup, pour anticiper un éventuel problème de graisse, j’ai surfé à la recherche d’info complémentaires. Dans ce domaine, on trouve de tout (comme d’habitude avec le net) et surtout sans possibilités évidentes de hiérarchiser les informations entre celles très nombreuses mais qui sont des bégaiements (je poste ça sur mon forum préféré parce que je l’ai lu sur un autre forum de la part d’un gars qui a fait la même chose, etc) ou des informations exotiques et rares mais qui ne sont contre dites par personne, comme si elles émanaient d’un omniscient que nul ne veut contrarier.

Après quelques heures de lecture, (faut ce qu’il faut), il s'avère que les recettes artisanales sont légions et rivalisent de complexité ou d’ingrédients peu ragoûtants. Et non, je n’irai pas chez mon boucher quémander gracieusement de la graisse de bœuf.

Enfin, j'ai trouvé très peu d’avis positifs sur les graisses des marchands.

L’information principale que je retiens est que la graisse doit supporter la chaleur à un niveau important (mais pas défini en °C) et être de texture épaisse, pas trop fluide. Je vais donc tester différentes graisses du commerce d’abord, puis des recettes artisanales si besoin.

C’est pas gagné mais, on y travaille…


Préparation des doses de poudre

Les joies du tir aux armes anciennes ou à leur réplique commencent bien avant le tir et même avant d'arriver au pas de tir. En fait, cela commence à la maison. Il faut préparer le matériel et le consommable : clé à cheminées, tournevis, cheminée, lime ; amorces, balles, graisse,  plus tout un tas d'autre objets qui font que chaque tireur poudre noire vient au stand avec une demi tonne de matériel.

Et bien sûr, les doses de poudre noire. 

Étant acquis qu'il est interdit d'apporter un baril de poudre ou une poire à poudre sur le pas de tir, il est nécessaire de préparer des doses de poudre correspondant à la charge d'une chambre de barillet. 

Globalement, tout le monde procède de la même manière : en se débrouillant. 

Il n'existe aucune recette miracle dans ce domaine même si chaque tireur use plus ou moins des mêmes ruses pour que ses doses soient (à peu près) identiques.

Pour les robots :

La poudre est constituée de grains réguliers. Une méthode infaillible consiste à compter les grains pour chaque dose. Si vous êtes un robot, cela doit marcher. Pour les humains, il faut trouver autre chose. 

Une solution est une douille dont on lime la hauteur afin que le volume de ce contenant corresponde à la masse de poudre que l'on cherche à préparer. Il existe des balances précises, sinon, encore une fois, la méthode empirique fonctionne pas mal. Je me souviens avoir étalonné le volume nécessaire en remplissent une chambre de barillet : je m'étais posé comme contrainte d'avoir le même volume de poudre que de semoule afin de ne bricoler qu'une seule dosette. 

« Change rien ! » comme crie Jean-Claude :

Et cela correspond pour un .36 à 0,9 gramme de poudre environ. Ensuite, puisque les résultats sont au rendez-vous, je n'ai jamais modifier cette charge. La vraie difficulté est de préparer toujours la même dose, 40 fois de suite, avant chaque séance de tir.

J'ai acheté des petites éprouvettes en plastique avec un couvercle qui fait "pop" quand on l'ouvre. Je verse une bonne quantité de poudre noire dans une récipient. Grâce à la dosette (douille au bout d'une tige) que je remplis puis que je tasse légèrement, je prépare mes 40 éprouvettes. 

Et je vous jure qu'en fait, ça peut être détendant...



Chargement : la pression

Les balles rondes en plomb doux sont serties dans la chambre du barillet grâce au bourroir et à son levier : un fin copeau de plomb est d'ailleurs créé par l'opération. Ainsi, une pression est exercée sur la balle ce qui a pour effet de tasser la balle sur la semoule et de tasser la semoule sur la poudre noire qui se tasse elle-même contre le fond de la chambre du barillet.

L'un des secrets de la constance de la précision du tir réside en une pression égale exercée sur chacune des balles.

On peut contrôler la justesse de son chargement en vérifiant que l'affleurement des balles de chaque chambre est uniforme (1 à 2 mm dans l'idéal). Je le fais systématiquement avant de poser le joint de graisse.

On peut aussi repérer l'angle du levier du bourroir lorsqu'il a assit la balle sur la semoule et chercher à ré- utiliser toujours cet angle. Mais ce n'est pas très simple à faire.

D'ailleurs, moi, je ne le fais pas.

La poudre noire, c'est salissant.

Non brûlée, ça noircie tout ce que ça touche : doigts, vêtements, sol quand ça tombe dessus. Une fois brûlée... Avec la graisse, le mélange s'appelle du cambouis, rien de moins. Bonjour, la galère.

La première fois qu’Étienne m'a expliqué comment on nettoyait une arme poudre noire j'ai cru qu'il me mettait en boite : jeter l'arme dans de l'eau chaude avec de la lessive, laisser tremper et sécher, puis huiler. Au besoin, frotter avec une brosse à dent, un coup d'écouvillon nylon dans le canon et voilà.

En fait, c'est ça.

Je le sais, il m'arrive de le faire 3 fois par semaine.

Dans le détail, c'est un peu plus ... astreignant encore. Pour un nettoyage normal, j'en ai pour 1/2 heure, pour un nettoyage avec démontage des pièces internes, pour pas loin d'une heure.

Remington 1858, cal. 36, démontage complet.
Aujourd’hui, après avoir ôté les plaquettes, le levier de chargement, le barillet et son axe, le pontet, je plonge la carcasse et les autres pièces métalliques dans de l'eau chaude additionnée de produit vaisselle.

Pendant que monte une odeur d’œuf pourri, je brosse à la brosse à dent les cheminées encore en place sur le barillet, puis je les démonte. Je brosse la carcasse, en insistant sur le tonnerre et le filetage du canon, les différents endroits difficilement atteignables.

Je passe l'écouvillon nylon dans le canon et dans les chambres du barillet sans oublier le logement taraudé des cheminées.

Un coup rapide sur l'axe du barillet et sur le levier de chargement. Je fais jouer le chien pour faire sortir un peu du cambouis pris entre les pièces mobiles toujours en place à l'intérieur de la carcasse.

Je laisse encore tremper pendant que je m'occupe des cheminées : brossées, en insistant sur le filetage.



Je ressort toutes les pièces de l'eau de lavage et je les rince rapidement sous l'eau très chaude. Depuis quelques temps, lassé de tout passer au papier pour le séchage, je passe toutes les pièces au four à 60 °C pendant 15 mn. Un compresseur me serait utile.

Ensuite, inspection de l'âme du canon : en cas de besoin, je passe un coup d'écouvillon laiton avec de l'huile.

Huilage complet des pièces avant remontage, puis j’ôte l'excès d'huile avec l'écouvillon laine et un chiffon doux.

C'est clair, si on persiste, c'est que l'on aime ça !

Environ tous les mois, je démonte toutes les pièces mobiles : queue de détente, le ressort bi lame, le doigt élévateur, le chien, le grand ressort du chien, l'arrêtoir de barillet. Et là, nettoyage pour tout le monde. Puis huilage.

Ce qui me satisfait lorsque le remontage est terminé, c'est le son que produit l'arme quand je fais tourner le barillet très vite. Je pense irrésistiblement à Tuco dans "le Bon, la Brute et le Truand", lorsqu'il se compose une arme chez l'armurier.

La poudre noire, c'est salissant et c'est beaucoup de travail... Mais, j'aime bien.


Faire feu

Dans l'acte de tir, il y a  ... le tir lui-même : le bruit, la fumée, la sensation. C'est quand même pour cela que je suis sur un pas de tir 2 à 3 fois par semaine.

Alors il est tout à fait possible de faire comme de nombreux tireurs que Dominique estime à 80% (ce qui est peut être exagéré) : charger, viser, tirer, recommencer et changer de cible. Se défouler. Et pourquoi pas ?

Maintenant, vu les contraintes de la poudre noire (préparation des doses à la maison, chargement, tir, nettoyage de l'arme surtout), cela peut concerner des débutants qui ne vont pas plus loin et qui trouveront leur bonheur dans un semi automatique. Pour moi, la performance ou le plaisir ne se mesure pas en nombre de boites de munitions vides, mais chacun son truc. Et puis, j'avoue, de temps en temps, je me défoule avec un petit 22 LR semi automatique.

Voilà la synthèse de ce que j'essaie d'appliquer à chaque tir après  m'être installé dans la bonne position :


Le décalage à gauche de la cible des impacts vient d'une mauvaise position. Je m'en rends compte très vite, mais j'ai pris la décision de ne pas corriger suite aux premiers tirs. Cette fois, je voulais un groupement qui ressemble à quelque chose.
 

D'abord, la respiration

1.    Inspiration forte, exagérée, puis expiration exagérée. Blocage du souffle. Le temps disponible est de 4 à 5 secondes pour tirer.
2.    Si ce temps est dépassé, reprendre la visée et le souffle. Sinon, le risque est de trembler sous l’effort de la tenue de l’arme à bout de bras.

Ensuite, la visée

1.    Alignement de l’œil, des organes de visée et de la cible. Ce sont ces quatre éléments qu’il faut aligner. La mise au point de l’œil ne permet pas une netteté à la fois de la cible et des organes de visée. Ces derniers doivent toujours être nets.
2.    Repère de visée : le point de visée est le bas du visuel, en laissant une marge de blanc entre le point visé et le noir de la cible.
3.    Effet d’optique dû à la chaleur : à ce jour, je ne maitrise pas ce point. Je reviendrais dessus dès que j'en aurai compris les implications.
4.    Le guidon se déplace à l’intérieur d’un cône que matérialise la taille du groupement des impacts. Il ne faut pas chercher à supprimer ce mouvement du guidon mais à l’apprivoiser, puis à le réduire. Il ne disparaîtra jamais tout à fait.

Enfin, le lâché du coup

1.    La pression exercée par l’index sur la queue de détente doit être régulière, progressive, sans à-coup.
2.    Elle doit être exercée de l’avant vers l’arrière, pas vers le coté.
3.    On entend souvent dire que le tireur doit être surpris par le départ du coup (de feu). Je ne suis pas trop à l'aise avec cette expression notamment lorsque l'on débute. Elle amène à penser que le tireur est passif et que l'arme finalement décide de tirer. Pourtant, c'est au tireur de gérer le départ du coup et il doit être très actif pendant toute la procédure. Mais c'est mon avis et que mon avis.

Le contrôle du guidon

1.    Après le départ du coup, rester en position de tir en observant le mouvement du guidon : il doit remonter verticalement, sans être décalé vers la gauche ou la droite.
2.    Il est possible aussi de laisser le bras revenir à sa position au moment du tir. L'impact se trouvera à l'endroit visée par l'arme.

L'annonce

Devenir capable d’annoncer son impact, d’abord s’il est bon ou mauvais, ensuite sa place sur la cible. aujourd'hui, même si je m'attache à ce point, ce n'est pas maitrisé.

L'enchaînement

La position du corps doit être bonne, la tenue en main de l’arme doit être contrôlée, la visée doit être conforme, la respiration doit être maîtrisée, le lâcher du coup doit être juste.

Et si on y travaille, c'est que l'on a du boulot ...

Les outils ? à leur place !

J’ai maintenant une lunette pour visualiser les impacts sur la cible, donc plus besoin d’embêter les gars sur le pas de tir pour aller voir les points.

C’est un cadeau de noël d’Étienne et j’en suis bien content : grossissement x 20 par 60. C’est très bien pour le 25 m, en cal. 36 qui plus est.

Cela demande un peu d’habitude et puis rapidement, on ne peut plus s’en passer. A tel point, que je me suis fait violence pour arrêter de regarder de façon systématique des impacts se voyant bien à l’œil nu.

Une fois encore : matériel, matériel, quand tu nous tiens.


La graisse

Mais pourquoi faut-il donc déposer de la graisse sur les chambres après chargement, au risque de salir ses vêtements, d'avoir les mains qui collent et d'en coller sur tout le matériel et de retrouver des giclures de graisse sur son plan de travail ?

En fait, c'est tellement important que l'on peut même affirmer que le joint de graisse fait partie intégrante du chargement lui-même.

Cependant, les raisons sont différentes selon les tireurs encore une fois. Exposons les deux principales pour ce que j'ai retenu de ce chapitre.

Raison 1 : les départs multiples

D'abord, il y a l'évocation du départ normal qui peut se décrire ainsi : après chargement, le tireur fait feu. Le chien s'abat sur une cheminée sur laquelle est insérée une amorce. Celle-ci explose sous le choc (c'est son rôle) et entraîne l'ignition de la poudre à l'intérieur de la chambre concernée. La poudre brûle (elle n'explose pas, à vrai dire), la pression à l’intérieur de la chambre augmente considérablement et la balle est expulsée de la chambre en direction du canon. 

Cela, c'est quand tout se passe bien. 

En cas de départ multiple, la flamme dûe à la combustion de la poudre atteint les autres chambres du barillet par la sortie de celui-ci (entrefer : espace entre le barillet et le tonnerre, soit l'arrière du canon) et entraîne la combustion d'une autre chambre. Une balle qui n'est pas du tout en face du canon est expulsée avec tous les risques que l'on imagine pour l'arme, le tireur et son entourage.

Il ne faut pas confondre avec les images de canon éventré qui se baladent sur le net : cela est uniquement dû, non à des départs multiples, mais à des inconscients qui ont chargé leurs répliques avec de la poudre moderne, sans fumée, pour tout ou partie du chargement. Si c'est inconscient, cela souligne le fait de se renseigner avant de tenter une expérience (imbécile), si c'est conscient alors c'est inqualifiable (imbécile quand même).

La graisse déposée par dessus les balles limite donc totalement ce risque de départ multiple.

Remarque :

Sauf que, les balles sont serties et donc les chambres sont hermétiquement fermées du coté avant du barillet. Le départ multiple pour être possible doit être conjoint avec un mauvais sertissage. Ce point n'est jamais évoqué, mais je préfère le souligner.

Raison 2 : l'emplombage

L'autre raison de la pose d'un joint de graisse par dessus la balle est à mon avis plus intéressante. Il s'agit d'éviter l'emplombage du canon (dépôt de plomb) en faisant précédée la balle d'un graissage du canon et de ses rayures. Après, si j'ai deux trois notions d'écoulement des fluides, je ne peux pas détailler ce qui se passe vraiment dans le canon, sous l'effet de la chaleur et de la vitesse.
 

Conclusion

La graisse déposée par dessus les balles protège le matériel et  simplifie le nettoyage.

Quel que soit la raison, elles ont chacune des avantages et donc, je dépose et continuerai à déposer un joint de graisse sur mes balles après sertissage.

Enfin, la grande question : mais quelle type de graisse ?

Oh là là ! Mais, c'est jamais terminé...


Tenue en main

Mon arme, une réplique du Remington New Army, est donc une arme de poing et plus précisément un revolver. La différence entre pistolet et revolver est simplement que sur les revolvers, il existe une pièce tournante, le barillet. Si cette pièce n'est pas sur une arme de poing, alors c'est un pistolet.

Ce qui est important, c'est la prise en main, la façon de tenir l'arme. Par la crosse, c'est un bon début, mais en général, la main tenant l'arme n'est pas positionnée comme il le faut (trop basse) et du coup, le tireur trouve à juste titre que la crosse est trop petite pour sa main.

Certains en conclut qu'à l'époque, les gens avaient donc des mains plus petites (vraiment entendu sur le pas de tir). En fait, le Remington New Army est une arme de la guerre civile américaine et donc du XIX ème siècle...

Si la crosse parait petite, c'est que la main n'est pas au bon endroit. Voici la façon dont je tiens mon arme, selon les conseils des tireurs d'expérience et adaptés à la taille de ma main :

1.    Tenue de la crosse à trois doigts sans serrage excessif : la sensation est une présence de la crosse dans son ensemble sans sentir le détail des plaquettes. Le majeur se cale dans le creux du pontet contre la crosse. Les premières phalanges du majeur et de l’annulaire ainsi que la deuxième phalange du petit doigt sont contre le métal de la carcasse, entre les plaquettes. Ces trois doigts sont collés les uns contre les autres. L’arme doit tenir en main sans le pouce ni l’index.

2.    L’axe du canon doit prolonger l’axe du bras. La tête peut s’incliner légèrement au besoin.

3.    Pouce libre : posé sur le haut de la plaquette, partie saillante du bois ou posé contre le bouclier.

4.    Index : à l’extérieur de l’arme, la pulpe de l’index venant s’appuyer contre la queue de détente, en bas de celle-ci.

5.    Le plan vertical de l’arme doit correspondre au plan vertical naturel et ne pas être incliné vers la droite ou la gauche.

Personnellement, pour rendre cette prise en main automatique, j'avoue que je me suis entraîné devant la télé à la maison (arme non chargée évidemment). Car cette prise en main n'est pas évidente. Un bon indicateur est que le chien en position armé doit toucher le dos de la main (entre le pouce et l'index).

Par la suite, une fois habitué, je n'arrive plus à tenir mon arme autrement. Mais j'ai compris que c'est un passage obligé pour le tireur qui veut faire du point mais qui surtout veut progresser.

Et comme c'est mon cas, j'y travaille...




Score et cible

Points :

lors du comptage des points, on procède dans la même idée que pour les fléchettes. La cible est constituée de cercles concentriques numérotées de 1 à 10, le 10 étant au centre et possédant une sous zone, la mouche. Les zones sont séparées par des traits appelés "cordon". Les zones sont blanches de 1 à 6 points, noires de 7 à 10.

Cibles :

pour ma discipline, les cibles sont des C 50, soit un carré de carton de 50 cm de coté. La distance est de 25 m.

Comptage des points :

Chaque impact est doté du nombre de points de la zone dans la quelle il est. Si un impact touche un cordon (il est entre deux zones) alors il est doté des points de la zone qu'il touche le plus (plus de la moitié du diamètre de l'impact).

En concours, 13 coups sont tirés, les 3 moins bons sont éliminés du comptage, les 10 meilleurs sont totalisés.

 Le score maximal est donc de 100 et les scores sont donc sur 100.

Chargement (suite) : les balles

Concernant le copeau de plomb, je me suis interrogé sur la forme des balles après sertissage et je me suis rendu compte que plus le copeau est épais plus la balle est finalement déformée.

Elle ne doit plus être ronde.

J'ai lu que l'on pourrait le tester en utilisant une charge de poudre très faible (1/3 de la normale) et en tirant sur un tas de chiffons par ex : la balle ne devrait pas être déformée par l'impact et l'on pourrait même voir la prise de rayures sur son corps. A faire avec prudence, personnellement je ne l'ai jamais fait et je ne le conseille même pas.

Du coup, j'utilise des balles de .375 et non .378 comme au début, correspondant toutes deux au calibres 36. Oui, ce n'est pas simple : il y a plusieurs diamètres de balles pour le même calibre et pour des calibres supérieures au 36, les gammes de diamètre sont beaucoup plus étendues.

Avec un diamètre de balle un peu inférieur, si la pression du contenu de la chambre doit être la même, la force à exercer est moindre car la surface sur laquelle elle s'exerce est plus petite. C'est ce qui explique au final un copeau de plomb plus fin.

A moins que ce ne soit le contraire...

La conséquence appréciable d'une force plus faible est que le matériel souffre moins. Les mains du tireur aussi. Et c'est important les mains du tireur.

Décidément, le tir à  la poudre noire, ça se travaille, ça se travaille...


Chargement : la bourre

Ce que je retiens, c'est que le chargement doit être constant et que chacun a sa recette qui lui convient, une fois observées les grandes lignes communes à la sécurité et à la majorité des tireurs.

Il y a en gros trois points : la qualité de la poudre, la charge (en gramme ou en grains), la bourre. Pour la qualité de la poudre, PNF2 et puis voilà.

Pour les grands principes, et pour ce que je connais, c'est-à-dire les revolvers et notamment le Remington New Army, le volume des chambres du barillet est adapté à la guerre (de sécession en l’occurrence) ou à la défense personnelle dans des zones de Far West où la sécurité des personnes ne concerne ni l'état ni la justice.

Et Remington apportait avec ses armes (depuis le model Pocket qui est le premier de la gamme) une supériorité par rapport aux armes de son principal concurrent, Colt : la solidité de l'ensemble de l'arme augmentant grâce à la carcasse fermée, la longueur des chambres et donc la puissance de feu a pu être augmentée.

Par chance, je ne suis concerné ni par la guerre ni par la défense. Donc, je ne remplis pas les chambres uniquement avec de la poudre noire. Mais par contre, je les remplis quand même entièrement.

Pourquoi les remplir totalement ? Autrement dit, la bourre, pour quoi faire ?

La première raison invoquée par les tireurs d'expérience (et les autres) est que la balle doit affleurée la sortie du barillet et qu'ainsi le chemin à parcourir pour entrer dans le canon est le plus court possible. D'où une bourre pour ne pas devoir remplir la chambre uniquement avec de la poudre.

Il suffit d'un retrait de quelques mm pour déposer un joint de graisse par dessus la balle. C'est la première façon de voir. 

La deuxième énonce que le bourroir est trop court pour enfoncer la balle suffisamment loin dans la chambre lorsque l'on utilise les charges normales sur le pas de tir (environ 1 g). Dans ce cas, un espace vide (rempli uniquement d'air pour être précis) existe entre la poudre et la balle. Une sur pression ne manquera pas de voir le jour à l'ignition de la poudre et donc un danger potentiel pour l'arme, le tireur et son entourage immédiat. D'où une bourre pour ne pas devoir remplir la chambre uniquement avec de la poudre.

Quelle qu'en soit la raison, les chambres doivent être remplies totalement.

J'utilise une charge de poudre noire de 0,9 gramme ce qui correspond au volume d'une douille de 38 légèrement réduite en hauteur (mon arme est un calibre 36 et pas un 44 comme la majorité des répliques de Remington New Army).

Donc, en plus, j'ajoute dans la chambre la même dose de semoule fine.

 

Mental

La position du corps doit être contrôlée, la tenue en main de l’arme doit être bonne, la visée doit être conforme, la respiration doit être maîtrisée, le lâcher du coup doit être juste.

Il ne faut pas céder à l’impatience du résultat. Le résultat ne sera pas bon si l’on veut le connaître avant d’appliquer correctement tous les bons gestes au bon moment. « Il faut oublier la cible... » dit Vincent.

L’important est d’abord le groupement, puis sa taille, puis sa position dans la cible, dans le 8, puis dans le 9. « On ne cherche jamais à grouper dans le 10 ». Il ne faut pas tenir compte des erreurs flagrantes (dans le blanc, par exemple) ou en dehors du groupement général.

Je dois partir du principe que le chargement est pertinent et constant, que les balles sont rondes et régulières, que l’arme tire juste. C’est d’abord au tireur qu’incombe les fautes ou les irrégularités.

Par hypothèse, l’arme est bonne et le tireur en apprentissage.



Position du corps

C'est sans doute la leçon la plus importante et pour laquelle j'ai eu le plus de conseils. En fait, ce n'est même pas la peine de chercher à faire du point si cette partie n'est pas maitrisée ou pire reste approximative. J'en sais quelque chose, j'ai passé 8 ou 10 semaines à retrouver celle qui m'avait tant convenu l'été dernier. Simplement parce que je ne l'avais jamais repérée. Aujourd'hui, je pense avoir retrouvé les paramètres aussi autant les écrire.

Voici ce que j'en retiens :

1.    Tendre les deux bras en fermant les yeux sans faire d’effort. Repérer l’angle formé par le bras et le thorax : c’est cet angle que doit avoir le bras lorsqu’il est tendu vers la cible. L’épaule comporte 8 muscles qui doivent tous être au repos. Le coude du bras tendu vers la cible est verrouillé mais sans excès.

2.    L’emplacement des pieds est repéré par rapport à une ligne imaginaire issue de la normale à la cible et passant par le bras droit du tireur. Le bras tenant l’arme est relevé vers la cible, les yeux sont fermés : le guidon doit naturellement être posé sur l’axe vertical de la cible. Si ce n'est pas le cas, l’angle du thorax et du bras ne doit pas être modifié : il faut adapter la position des pieds. La meilleure image que je dois à Serge et à Étienne : C’est comme si le corps était un arbre et que le bras tendu était une branche morte. C’est tout le corps qui doit effectuer une rotation dont le pivot est le pied droit. Une fois la position des pieds trouvée, ils restent assignés à cette place tout au long de la séance de tir et ne doivent plus bouger. (Vincent)

3.    Pour moi, la position générale retenue est un engagement de profil de l’ensemble du corps et non un trois quart face à la cible. Le pied gauche est à 90° de l'axe de la cible, le pied droit à 45°. Les pieds sont quasiment l’un derrière l’autre par rapport à la cible.

4.    Assise générale du corps : tassé, calé sur les jambes. L’ensemble du corps est très légèrement penché vers l’avant, et comme en tension dynamique.

5.    Bras gauche : main dans la poche, relâché. La main gauche sert uniquement à évacuer les débris d’amorces et à remettre le chien en position armé.

Certains tireurs ont un petit carnet pour noter ces repères. De ce point de vue, Dominique est exemplaire : il consigne tous les paramètres de chacune de ses armes et peut s'y référer au besoin. Je le soupçonne même de relire son carnet de temps en temps pour se détendre !

Vincent et Étienne m'ont incité à en rédiger un. C'est un peu ce que je fais avec ce blog, mais en moins pratique pour le pas de tir. J'ai longtemps cru que cela serait principalement utile lorsque l'on tire avec plusieurs armes, ce qui n'est pas encore mon cas.

Cela viendra sûrement, en tout cas, on y travaille...

 

C'est pas de ma faute ?!

Après plusieurs séances décevantes, j’ai effectué ma première série sans lunette de protection (ce qui est une faute grave, mais bon, je ne recommencerais pas). J'ai simplement oublier de les chausser. Et du coup, comme j’ai sorti un score de 90, j’ai cru que mes lunettes de protection m'handicapaient les fois précédentes, ce qui est perturbant quand on tient à la sécurité (et accessoirement à ses yeux).

Heureusement, la deuxième série est montée à 91 et avec les lunettes cette fois.

Alors lunettes ou pas lunettes ? Lunettes évidemment car je ne me risquerai à prétendre à des bons scores au péril de mes yeux ! J’ai quand même des priorités.

Mais, cela prouve bien que l’essentiel, ce n’est pas l’équipement mais le tireur et que le tireur doit avoir confiance dans ses bons gestes. Comme dit ma grand mère, le mauvais ouvrier a toujours de mauvais outils.

Ce n’est pas si simple d’être responsable de ses actes, mais on y travaille…

 

Concours

J’ai eu une mauvaise expérience lors de ma première participation à une rencontre amicale d’armes anciennes. Je me suis mis une pression monstrueuse, j’y ai pensé toute la semaine et je n'ai pas dormi de la nuit. Résultat : 82 points. A l’entraînement, je tenais le 90 avec une pointe à 93. Étienne m’a dit que l’on perd 10% de ses points entre l’entraînement et le concours et là ça s’est confirmé.

Déception terrible. Affreuse. Annihilante, même pour être exact.

Mais déception instructive (enfin au bout de deux mois). Faire un score mauvais dans ce cas, m’implique pas que je sois un mauvais tireur. Cela implique simplement que j’ai mal travaillé.

Du coup, je suis inscrit à 4 concours : Alençon, Mayenne, Beaumont (Départementaux) et Écommoy. Avec Durtal, la semaine dernière, je devrais commencer à apprivoiser l’ambiance et le stress, acquérir les réflexes d’organisations et les automatiser pour enfin me concentrer uniquement sur les bons gestes du tir.
 
C’est le but avoué de mes premières participations.

Comme m’a dit Vincent pour les entraînements, il faut que « j’oublie la cible ». Disons que je m’entraîne à concourir et que là aussi il faut que « j’oublie la cible. »…

C’est pas gagné mais on y travaille…


Reprise

Les scores sont enfin revenus à la « normale », au niveau : 90 et 91 pour la séance de l’après midi.
 
Par rapport aux scores comparables obtenus l’été dernier, un point important n’apparaît pas à la lecture de la cible : la prise de visée est maintenant conforme, en bas du visuel. Grâce à une diminution de la hauteur du guidon effectuée la semaine dernière.

Je remercie vivement Vincent pour ses conseils dans ce domaine et mon père qui a fait tout le boulot. Ajusteur, c'est quand même un métier.

D’autre part, le guidon n’était pas dans l’axe du canon : la solution a été de le désépaissir sur l’avant gauche et l’arrière droit, de manière à ce qu’il soit toujours dans le milieu du V de la « hausse ». J’ai la chance que ce Pietta soit bon dans l’alignement guidon-hausse-canon et qu’il tire dans l’axe de la cible sans contre visée. J‘avais déjà retouché à la lime le guidon et il n’a du coup jamais été bronzé.

Malheureusement, cet aspect blanc brillant, cette fois, est gênant la prise de visée qui n’est plus dans le noir entre le 8 et le 9, mais en bas du visuel, dans le blanc. Je ne sais pas comment le noircir car on a été contraint de poser une goutte d’étain sur le métal, la lime ayant attaqué trop fort sur un premier essai de diminution (Ah, la méchante lime…).

Est-ce que l’étain peut se bronzer ? Dois-je le peindre ?

Je ne sais pas trop, du coup je préfère laisser comme cela, le temps qu’un avis compétent se fasse entendre. Et c’est aussi à moi d’aller au renseignement plutôt que de jeter des bouteilles à la mer au risque de se faire répondre en finlandais ou en swahili.

La timidité, c’est quand même pénible. On y travaille, on y travaille…