Dernier challenge de l'année


J'ai fini d'installer le matériel. On est quatre tireurs pour 15 postes sur le 25 m. Vincent a raison, les tireurs passent tous à l'arme d'épaule. Ma lunette est en train de rendre l'âme, baissant la tête sans arrêt. Je n'arrive pas à la serrer. Ce n'est pas grave. Le Charles Moore est bien calé dans ma main. La poignée en forme de poire est au creux de ma paume. J'ai l'impression de retrouver mes sensations tout de suite. Les premiers tirs restent compliqués, cela fait près de trois mois que je n'ai pas tiré et cela se ressent sur la cible. La douleur au bras est très légère, mais je sais qu'elle va s'accentuer avec l'effort. 

Fleury les Aubrays -  Boutet, puis Le Mat. 29ème challenge amical. 29 ans, fichtre !

Je me suis décidé à y aller parce que Vincent m'a proposé de co voiturer. Bah, du coup, oui : c'est deux heures, deux heures et demi de route pour rallier la banlieue d'Orléans. Et puis, il me propose de me prêter une arme pour tirer en Véterli (arme d'épaule, percussion, 50 m). Ah, bah, re-oui ! Il a pleins d'arguments décidément.

Après, bien sûr, il y a 4 heures et demi de voiture en tête à tête et, ça, ça peut être tragique. Vincent n'est pas du genre très bavard. En tout cas, pas avec moi. Ça m'arrange : dans ma vie, j'ai déjà essayé d'être très bavard, mais je n'y arrive pas. 

On range les armes dans son Expert et dans le froid en départ du Mans à 07 heures zéro zéro. Ça blague pas. La voiture est nickel, parfaitement rangée, chaque chose à sa place. J'aime bien. Le bazar, ça me stress. Et de faire la route avec mon mentor, je n'ai pas besoin de stress supplémentaire.

Ce qui est bien, c'est que l'on peut être silencieux sans être mal à l'aise. Du coup, personne ne se sent obligé de meubler les silences et parfois, le silence, c'est bien. La conversation s'enroule autour des armes, des challenges, de l'expérience. Et puis, finalement autour de ce que chacun fait à l'extérieur du stand. Depuis le temps que l'on se côtoie sur le stand, il faut bien que l'on fasse connaissance. 

Mon premier tir est un 10. Franchement, je n'aime pas ça. Mais du coup, cela me rassure : mon Charles Moore n'est pas si mal entretenu que cela et je ne suis pas si rouillé. Je prends beaucoup de plaisir à retrouver les automatismes du chargement : poudre, semoule, calepin, balle, maillet, starter, pousse balle, deux petits coups sur la balle pour vérifier à l'oreille que la balle est bien calée sur la semoule. Comme me l'a appris Vincent.

Amorce sur la cheminée. Le bras bien tendu, le coude verrouillé. J’enchaîne les 9. Je finis par regretter de n'avoir pas plus de 10. Je fais deux 8. Ça m’apprendra à n'être pas humble. Je me reprends. Et je mets deux 10 en maîtrisant les bons gestes aux bons moments. Même si je sais que je n'aurai pas de podium, le résultat me convient : 91 points (1). Vu le contexte, tendinite, 6 mois d'entrainement. Ça me va. Je suis 5ème sur 17 tireurs.

J'enchaîne en Le Mat. C'est la catastrophe. Je suis incapable de stabiliser l'arme. Je sors du 6, du 7 du 8. L'arme pèse des tonnes.

C'est vers 18 heures 30, dans la voiture, alors que l'on traversait un énième village sans charme de la route d'Orléans, avec cette nuit tombante qui enveloppe tout, que j'ai compris pourquoi j'ai raté mon Le Mat. Ma prise en main était bonne, bien haute. Lorsque Vincent a évoqué ce point pour comprendre pourquoi mon score était si faible, je regardais la marque sur mon empan qu'avait laissé le chien à l'abattu. Je sais que ma prise en main était bonne.

C'est la position de mon corps qui était mauvaise. J'étais trop face à la cible. Pas assez de profil. Décidément, le silence a du bon. On peut réfléchir et revivre les 13 coups portés en cible. Je sais que mon défaut de points vient de là : pas assez de profil et pas assez en tension dynamique. Trop mou, quoi.

92 points pour le gagnant Le Mat du week-end. Bravo à lui. Mais c'est à ma portée, je l'ai déjà démontré. Et je reviendrai à ce score.

Vincent est au 50 m. Comme il me l'a dit, il a loué son emplacement pour la journée. Et quelle journée !

Je retourne à l'accueil. Pour moi, la matinée est terminée. Il est 11 heures et demi. Je regarde un tireur au 10 m. C'est un pas de tir particulier. Lorsque Vincent me l'a fait visiter, il a bien insisté sur les retour vidéo sur chaque poste de tir ! C'est impressionnant. Le stand a en fait servir de stand d'entrainement pour les JO. J'ai oublié l'année. C'est extrêmement carré, propre, sous contrôle. J'aime bien.

Le tireur fait de la vitesse. 5 tirs en 20 secondes, je crois. Stéphane m'a conseillé cette épreuve. Je sais bien que je dois passer par le 10 m. J'irai. Le gars fait 3 cibles sur 5. A chaque fois. Je me dis qu'il doit être difficile de se détacher du résultat précédent pour refaire les bons gestes aux bons moments suivants. Décidément, le tir, c'est riche. Je n'ai pas fini d'apprendre. Au moins, cette pensée me fait sourire.

Je ne sais pas trop quoi faire en attendant Vincent. Je n'arrive pas à me mêler aux autres. J'attends le repas. On verra bien.


(1) 3 x 10, 5 x 9,  2 x 8 ; 91 points.

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