Départementaux : Mariette

Je ne sais plus quoi penser. Pendant le tir, au milieu du deuxième barillet, je me suis dit qu'il valait mieux que j'arrête la poudre noire. Tirer 90 plombs par semaine pour en arriver là, c'est pas la peine.

J'ai eu un sentiment de gâchis, de vanité et pour finir, de vacuité.

Déception. Déprime. Désespoir.

Pour reprendre depuis le début, l'arrivée sur le pas de tir a été mouvementée : j'ai cru avoir de la marge mais l'inscription a été plus longue que je ne le pensais. Du coup, c'est en courant que je suis allé sur le pas de tir. Mais aucun problème de ce côté, j'ai eu tout le temps de m'installer, d'organiser mon matériel et discuter avec les autres tireurs. Je me sentais même détendu. Vincent m'a indiqué que la corde pour effectuer le basculement du porte cible devait être à portée de manière à ne pas bouger pendant la série. (Je n'y avais pas pensé..). Trop détendu.

A la fin de mon premier barillet, hormis un résultat des 4 premiers tirs pas du tout pertinent, je me suis retrouvé avec une amorce qui refusait de quitter sa cheminée. Je n'ai pas voulu aller chercher de tournevis pour l'ôter (je ne savais même pas si je pouvais quitter le pas de tir pour le prendre dans ma sacoche située à 1 mètre derrière moi et je n’ai pas osé demander. Du coup, je ne le sais toujours pas.) Et donc, il me manque un outil à portée de main au cas où. J'aurais au moins appris cela.

J'ai dû recharger sans mon habituel repère de chambre vide. Cela m'a complètement déconcentrer. Juste ce petit grain de sable, tout petit problème, à peine un souci ! Pourtant, plus je voulais le sortir de mon esprit, plus il était présent. En fait, j’étais en train de m’énerver, pour si peu, cela m'agaçait. Je n'ai pas réussi à sortir de ce cercle. A un moment, je réussissais même plus à remettre mon barillet à sa place !

Résultat : 86 points *.

Il y a des gens qui sont content d'être heureux, moi, je suis agacé d'être énervé .

En fin de matinée, j'ai croisé Jérôme, un tireur expérimenté, qui nettoyait son Remington origine entre deux séries. Il venait de perdre deux cheminées pendant son tir, carrément arrachées de leur taraudage. En voyant cela, j'étais sidéré du risque qu'il a pris en tirant quand même. Mais je suppose qu'il sait ce qu'il fait…

En discutant un peu, il m'a lancé l'une de ces phrases énigmatiques dont il a le secret. « Le stress, c'est un problème d’ego ! ».  J'allais partir le laissant à son nettoyage, convaincu qu'il s'arrêterait à ces mots, comme d'habitude. Mais non, pour une fois il a développé.

      - Lui : « Si tu es stressé, c'est parce que tu ne veux pas paraître plus faible que les autres tireurs, que tu as peur d'avoir un score pas à la hauteur. Franchement, à la hauteur de quoi ? Ça sera pas écrit sur ta pierre tombale que t'as gagné un concours poudre noire, hein ? »
      - Moi : « Ah ben oui... Ça relativise.  Si seulement tu me l'avais dit avant le concours ... »
      - Lui : « Ouais » finit il sans écouter.
      - Moi : « ... » un peu dépité.
      - Lui : « Oh ! Dis donc, tu as vu le trou dans le barillet ? »

Des fois, il me fait peur quand même...

En allant au stand après cette conversation, je me suis senti un peu bête, en fait. C’est exactement ce qui me manquait comme mantra pendant que je m'énervais d'être agacé. Il faut que je me souvienne de cela : « Le stress, c’est un problème d’ego ». Je veux bien apparaître battant ou impliqué ou ambitieux ou impatient. Mais pas avoir un problème d'ego. Si je veux produire un résultat, avec un classement à la clé, c'est pour me prouver que je suis capable de le faire. Je pense en avoir le potentiel et je veux transformer ce potentiel en résultat tangible. Exactement comme je l'ai fais pour la perte de poids ou pour la course à pied. Mes 10 bornes trois fois pas semaine, c'était uniquement pour moi.

Finalement, à la relecture, j'ai peut être un problème d'ego. Au moins, cela expliquerai le stress...


*soit 4ème pour 13 tireurs

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